En matière de distribution des classes d’âge, une constante est apparue au fil des Baromètres : la surreprésentation des jeunes adultes de 19 à 34 ans et la sous-représentation des personnes de 65 ans et plus. Cette tendance se confirme en 2017 mais avec un certain nombre d’ajustements.

 

En 2017, la catégorie des 19-34 ans rassemble 32,67% des individus encodés dans l’ensemble des programmes. Il s’agit donc de la tranche d’âge la plus représentée à l’écran. En outre, elle est 1,6 fois plus présente à l’écran que dans la population belge (20,00% au 1er janvier 2017). La tendance au « jeunisme » dans les représentations télévisuelles est ainsi une constante au fil des Baromètres.

En revanche, les personnes âgées de 65 ans et plus sont près de quatre fois (3,95) moins présentes dans l’échantillon de programmes que dans la société. Elles constituent 4,68% des intervenant.e.s dont on a pu identifier l’âge, contre 18,50% dans la société belge (au 1er janvier 2017). La sous-représentation des personnes de 65 ans et plus constitue une tendance lourde des différents Baromètres.

Toutefois, on observe un certain nombre de petites évolutions qui semblent encourageantes.

En effet, la tendance au « jeunisme » dans les représentations à l’écran, bien qu’elle persiste, s’est atténuée. Cette évolution est transversale : la diminution de « l’impératif de jeunesse » concerne les programmes pris dans leur ensemble et, plus spécifiquement, les programmes d’information et de divertissement ; elle se marque dans un certain nombre de rôles médiatiques socialement valorisés tel que celui de journaliste-animateur.trice. Enfin, nous observions précédemment que l’âge était une composante genrée de l’identité des intervenant.e.s : « l’impératif de jeunesse » pesait plus fortement sur les intervenantes que les intervenants. Cette donnée s’est atténuée également dans le présent Baromètre. Revenons sur ces évolutions.

Tout d’abord, avec 32,67% d’intervenant.e.s âgés de 19 à 34 ans sur l’ensemble des programmes, cette tranche d’âge occupe une proportion moindre dans la pyramide des âges télévisuelle qu’en 2013 (43,73%). Rappelons que la diffusion de photos de jeunes femmes dans des annonces de rencontre au sein d’une émission de call TV avait augmenté la proportion d’intervenantes encodées dans cette tranche d’âge en 2013. En outre, alors que la proportion de jeunes adultes de 19 à 34 ans diminue, les classes d’âge les plus jeunes (12 ans ou moins ; 13-18 ans) et les plus âgées (50-64 ans ainsi que 65 ans et plus) ont vu leurs effectifs augmenter – avec toutefois des proportions variables d’une catégorie à l’autre. Ainsi, comparativement à 2013, la pyramide des âges télévisuelle se « normalise » un peu.

Nous relevions dans les éditions précédentes du Baromètre que cette tendance au jeunisme était accentuée dans les représentations de la féminité à l’écran. La proportion de femmes âgées de 19 à 34 ans y était plus importante que celle des hommes. Dans le présent Baromètre la tendance s’inverse : les hommes de 19 à 34 ans sont plus nombreux que les femmes (34,32% pour 30,31%). Ceci peut s’expliquer par deux facteurs : d’une part, l’exclusion de la call TV du corpus ainsi que la disparition de deux chaînes qui laissaient une large place aux femmes jeunes, d’autre part, l’augmentation du volume des intervenant.e.s sur une chaîne de sport qui a « gonflé » la part des jeunes hommes sportifs. Si l’on exclut cette chaîne de sport des résultats, 29,60% des femmes appartiennent à la tranche d’âge 19-34 ans pour 26,87% des hommes. L’impératif de jeunesse pèse alors toujours plus fortement sur les femmes que les hommes mais les écarts se résorbent. D’autre part, on soulignera que les intervenants masculins ne semblent désormais plus à l’abri d’une tendance accrue au jeunisme.

Ensuite, dans le genre de l’information, la distorsion qui tend à gonfler la classe d’âge des 19-34 ans se normalise. Cette tranche d’âge représente 20,49% des intervenant.e.s, soit un chiffre comparable à sa présence dans la société belge (20,00%). En outre, les personnes de 65 ans et plus voient leur présence légèrement augmenter dans ce genre, bien qu’elles restent toujours en deçà du seuil des 10% et dès lors largement sous-représentées : 4,37% en 2011, 3,83% en 2012, 4,61% en 2013 et 7,19% en 2017. Précisons que l’analyse diachronique 2011-2017 montre qu’au fil des Baromètres, la pyramide des âges est moins déséquilibrée dans l’information de portée locale, que nationale ou internationale.

Enfin, en 2011, nous avions souligné une tendance au « jeunisme » dans le rôle de journaliste-animateur.trice. En effet, 53,63% des personnes encodées dans ce rôle appartenaient à la tranche d’âge des 19-34 ans. Cette situation s’était atténuée à partir du Baromètre 2012. En 2017 on constate que la proportion de personnes âgées de 19 à 34 ans a encore diminué dans ce rôle médiatique. Elle est de 29,25% (soit une diminution de 8,53% depuis le dernier Baromètre).

Et si l’on se concentre plus particulièrement sur le rôle de journaliste (dans l’information) on y observe au fil des Baromètres une diminution constante de la proportion de femmes âgées de 19 à 34 ans (73,61% en 2011, 59,13% en 2012, 51,67% en 2013 et 17,73% en 2017). Corrélativement, on note une très forte augmentation de la proportion de femmes de 35 à 49 ans (de 22,92% en 2011 à 62,60% en 2017). Quant aux journalistes masculins, on constate un certain « rajeunissement » à l’antenne : la proportion de 19-34 ans a augmenté de 10,51% de 2012 à 2017 (en passant de 16,00% à 26,51%). De manière transversale, on observe donc en 2017 un relatif « vieillissement » dans les représentations journalistiques des femmes et un rajeunissement dans les représentations des journalistes masculins. Ce constat encourageant est toutefois à nuancer. En effet, lorsqu’on regroupe les classes d’âge, on note que la proportion de femmes journalistes de 19 à 49 ans reste supérieure à celle des hommes, ces derniers étant plus largement distribués sur les classes d’âge.

Ainsi, en dépit de ces évolutions encourageantes, un certain nombre de résultats viennent contrebalancer ces améliorations.

Tout d’abord, si le genre informationnel ne surreprésente plus en 2017 la classe d’âge des 19-34 ans, dont la proportion à l’écran tend à se rapprocher de celle dans la société belge, ce n’est pas le cas pour toutes les catégories d’âge. En effet, la tranche d’âge des 35-49 ans y est nettement surreprésentée comparativement à sa présence dans la société (+ 12,90%). C’est aussi le cas des personnes âgées de 50 à 64 ans mais dans des proportions moindres (+5,11%). Par contre, les enfants de 12 ans ou moins sont sous-représentés (-5,84%). Cette sous-représentation s’amplifie pour les personnes âgées de 65 ans et plus : l’écart entre les programmes d’information et la société belge est de 11,31%.

Si la tendance au jeunisme recule dans le rôle de journaliste (la proportion des 35-49 ans augmente et celle des 19-34 ans diminue), elle reste toutefois plus forte dans les rôles de premier plan que de second plan. En effet, les 19-34 ans et les 35-49 ans constituent ensemble 86,60% des journalistes principaux.ales pour 68,19% des journalistes second.e.s.

Enfin, la visibilité des personnes de 65 ans et plus continue de poser question. Non seulement cette catégorie d’âge fait l’objet d’une sous-représentation chronique à l’écran mais en outre, lorsqu’elle est représentée, les modalités de sa représentation sont fréquemment problématiques. Ainsi par exemple, le rôle de vox populi est celui où la proportion de personnes de 65 ans et plus est la plus élevée (7,32% en 2017). Déjà largement absente de l’écran, cette classe d’âge est associée, lorsqu’elle y figure, à une parole d’affect, de témoignage, d’exemplification vécue.  Et lorsqu’il est question de la mention des attributs identitaires des personnes qui prennent la parole à l’écran (nom, prénom, profession), on constate au fil des Baromètres qu’à l’instar des plus jeunes (enfants et adolescents), les personnes âgées sont souvent dépersonnalisées, dénuées des caractéristiques qui fondent leur identité. Ainsi, l’absence de mention diminue avec l’âge de l’intervenant.e mais elle remonte à 35,66% s’agissant des personnes de 65 ans et plus. On notera toutefois que c’est 10,79% de moins qu’en 2013 et 19,63% de moins qu’en 2012.