Les personnes en situation de handicap dans le corpus représentent 1,48% des intervenant.e.s. Alors que la représentation de ces personnes se stabilisait autour de 0,30% en 2012 et 2013, on observe donc une légère augmentation (+1,15%) depuis le dernier Baromètre. Ajoutons toutefois une donnée contextuelle : le corpus encodé en 2017 inclut la « semaine du Vivre ensemble » sur les chaînes de télévision locales ainsi que le Télédon (celui-ci est axé sur le don d’organe et le don de sang). Ces deux éléments ont contribué à augmenter le nombre de personnes en situation de handicap à l’écran.

 

L’augmentation du nombre de personnes en situation de handicap vaut particulièrement pour les programmes d’information (de 77 intervenant.e.s en 2013 à 602 en 2017) et les magazines-documentaires (de 13 intervenant.e.s en 2013 à 508 en 2017). L’analyse de la répartition des personnes présentant un handicap visible par genre montre que 51,63% de ces personnes figurent dans les programmes d’information. Le « décloisonnement générique » que nous observions en 2012-2013 tend à s’effacer quelque peu : les personnes en situation de handicap se concentrent dans l’actualité au sens large. La proportion de personnes en situation de handicap chute dans la fiction, le sport, les programmes courts. Elles restent en outre pratiquement absentes du divertissement, un genre de programme qui cherche pourtant à fédérer le public le plus large possible.

En outre, le mode de représentation des personnes en situation de handicap à l’écran, ne présente pas d’évolutions. Les personnes en situation de handicap restent écartées des rôles discursifs socialement valorisés : on observe ainsi 10 personnes parmi les journalistes-animateur.trice.s (soit 0,37% des intervenant.e.s de cette catégorie), 3 personnes parmi les porte-paroles (soit 0,09% des intervenant.e.s de cette catégorie) et aucun.e expert.e. De la même manière, les intervenant.e.s en situation de handicap sont exclu.e.s du rôle de candidat.e à un jeu et, globalement, de l’univers du divertissement. Un univers axé prioritairement sur l’évasion, l’hédonisme, le rêve qui tend à présenter de jeunes adultes, plutôt de catégorie socio-professionnelle supérieure et en « bonne » santé.

En revanche, les personnes en situation de handicap sont un peu plus présentes dans les rôles secondaires de figurant.e (1,60% des figurant.e.s présentent un handicap visible) et les rôles discursifs fondés sur l’affect, le « pathos », l’expérience (2,13% des vox populi présentent un handicap visible). En outre, elles apparaissent plus fréquemment passives à l’écran : lorsque le niveau d’intervention médiatique est le moins élevé (on voit la personne mais elle ne parle pas) les personnes en situation de handicap sont proportionnellement plus nombreuses que les personnes qui ne sont pas en situation de handicap, et inversément.

Enfin, sur 1.166 personnes en situation de handicap, 466 (soit 39,96%) sont associées au marqueur social « handicap ». Ainsi, dans plus de 1/3 des cas, les personnes en situation de handicap sont sollicitées précisément en tant que personne handicapée dans un sujet relatif au handicap. La diminution observée à ce sujet en 2013 ne s’est donc pas confirmée.

La comparaison au fil des Baromètres étaye ces différentes tendances : de 2011 à 2017, les personnes en situation de handicap se concentrent systématiquement dans les rôles passifs de figurant.e et affectifs de vox populi. À chaque édition du Baromètre, elles sont exclues des rôles d’expert.e et de candidat.e à un jeu, c’est-à-dire de la parole d’opinion mais aussi du rêve et de l’univers hédoniste. En outre, au fil des analyses elles sont régulièrement associées au marqueur social handicap et sont plus fréquemment passives à l’écran que les personnes qui ne présentent pas de handicap visible.