De 2011 à 2013, les intervenant.e.s perçu.e.s comme issu.e.s de la diversité sont passé.e.s de 10,26% à 16,98%. En 2017, ils sont 14,39%, soit un recul de 2,59% par rapport à 2013. La progression observée au cours des trois premières éditions du Baromètre ne s’est donc pas confirmée.

 

Les caractéristiques de l’échantillon ont pu à la fois « doper » la représentation de la diversité à l’écran (les émissions sportives, l’Eurovision et le concours Reine Elizabeth) comme la diminuer (une actualité internationale axée sur la France et les États-Unis).

Trois paramètres apparaissent encourageants quand il s’agit de la représentation de la diversité des origines.

Tout d’abord, s’agissant du rôle discursif de porte-parole, la présence de personnes perçues comme issues de la diversité connaît une légère mais constante progression depuis 2011 : 3,83% en 2011, 6,28% en 2012, 8,28% en 2013 et 8,70% en 2017.

Ensuite, nous avions observé dans les précédentes éditions du Baromètre que la faible présence de la diversité des origines dans l’information locale et nationale était renforcée par le fait que, lorsqu’elles sont médiatisées, les personnes issues de la diversité sont essentiellement abordées en tant que « groupe », soit comme des individus désincarnés de toute individualité. En 2017, on note que cette logique de « collectivisation » a nettement diminué. La présence de « groupes multiculturels » a reculé de 20,97% dans l’information de portée locale et 16,02% dans l’information de portée nationale, au profit des personnes individuelles.

Enfin, l’identité des personnes issues de la diversité a gagné en visibilité. En effet, l’analyse de l’attribution des mentions montre que la tendance à ne pas préciser les attributs identitaires des intervenant.e.s perçu.e.s comme issu.e.s de la diversité s’est nettement réduite entre 2012 et 2017 : de 51,38% à 34,15%. En outre, on note que l’écart entre les intervenant.e.s perçu.e.s comme blanc.he.s et ceux.celles perçu.e.s comme issu.e.s de la diversité qui ne font pas l’objet de mention s’est résorbé.

En dépit de ces évolutions, le changement qui semblait amorcé du point de vue de la représentation de la diversité des origines dans les différents genres de programmes – et, singulièrement, le genre informationnel – ainsi que dans les rôles (discursifs) socialement valorisés connaît un coup d’arrêt. La diversité recule transversalement dans la majorité des rôles médiatiques et des genres de programme, notamment dans l’information, quelle qu’en soit sa portée (locale, nationale, internationale).

Ainsi, la comparaison des différentes éditions du Baromètre montre que la représentation de la diversité a chuté dans tous les genres de programme, à l’exception du divertissement qui est stable depuis 2013 (nous reviendrons sur ce résultat pour le nuancer) et des programmes courts qui présentent une augmentation graduelle de la diversité. Ainsi, de 2013 à 2017, la présence d’intervenant.e.s perçu.e.s comme issu.e.s de la diversité a reculé de 6,98% dans la fiction, 4,50% dans l’information, 4,22% dans les magazines et documentaires et 3,27% dans le sport, et ce en dépit de l’augmentation du nombre total d’intervenant.e.s dans tous ces genres respectifs.

L’information et les magazines-documentaires font partie des types de programmes dans lesquels il y a le moins de diversité des origines. En effet, dans l’information, les intervenant.e.s issu.e.s de la diversité représentent 11,31% du total des individus encodés. C’est 3% de moins que la moyenne des programmes. Dans les magazines et documentaires, cette proportion est de 12,25%. En outre, alors que la diversité des origines a augmenté de manière continue dans les émissions d’information de 2011 à 2013 (7,37% en 2011,11,40% en 2012 et 15,81% en 2013), elle connaît un recul de 4,50% de 2013 à 2017. Et si l’on détaille les sujets d’information selon leur portée, on observe que de 2013 à 2017, la diversité des origines a reculé dans l’information de portée locale (-2,59%), nationale (-4,75%) et internationale (-19,16%). La diminution enregistrée dans l’information de portée internationale peut s’expliquer, en partie, par les spécificités des échantillons de 2013 et 2017[1].

En 2013, nous soulignions que la proportion d’intervenant.e.s issu.e.s de la diversité augmentait dans un certain nombre de rôles discursifs socialement valorisés : les rôles de journaliste – animateur.trice, porte-parole et d’expert.e. De 2013 à 2017, la progression s’est poursuivie pour le rôle de porte-parole mais elle a marqué un arrêt voire un recul pour les deux autres rôles médiatiques. En effet, dans le rôle d’expert.e, la diversité des origines est passée de 2,60% en 2011 à 8,10% en 2013. Elle est désormais de 7,74% en 2017 (soit -0,36%). Dans le rôle de journaliste – animateur.trice la proportion de personnes issues de la diversité a diminué de 6,16% de 2013 à 2017 (elle est passée de 9,94% à 3,78%). Il s’agit désormais du rôle médiatique dans lequel il y a le moins de diversité des origines. On observe par ailleurs que le recul est global (il vise à la fois les rôles de journalistes-animateur.trice.s principaux.ales comme second.e.s), mais toutefois plus marqué à l’avant-plan des programmes.

Si l’on se focalise exclusivement sur le rôle de journaliste dans l’information, on observe que 2,61% des individus encodés dans ce rôle sont issu.e.s de la diversité. Cette proportion était de 11,11% en 2013.

Outre ce coup d’arrêt dans les changements qui semblaient pourtant en marche, un certain nombre de tendances lourdes se voient confortées en 2017.

– Ainsi, les personnes issu.e.s de la diversité sont toujours davantage représentées dans le registre du pathos, de l’affect, de l’exemplification vécue ou de la parole authentique de l’homme ordinaire que du discours critique ou d’opinion. En effet, elles sont 13,18% dans le rôle de vox populi (contre 7,74% d’expert.e.s et 8,70% de porte-paroles).

– Le genre de programme qui laisse le plus de place à la diversité est le sport : 22% des individus encodés dans ce genre sont perçus comme issus de la diversité. C’est une constante au fil des analyses. Et si l’on se penche sur les rôles médiatiques, 32,94% des figurant.e sportif.ve sont issu.e.s de la diversité.

Les rôles médiatiques dans lesquels il y a le plus de diversité des origines relèvent ainsi du sport (figurant.e sportif.ve), du jeu (candidat.e à un jeu) et de la fiction (personnage de fiction). Concernant le rôle de candidat.e à un jeu, précisons que si l’on filtre l’Eurovision des résultats, la proportion de personnes perçu.e.s comme issu.e.s de la diversité passe de 18,26% à 5,13% dans le rôle de candidat.e à un jeu. Cette diminution vaut aussi pour la représentation de la diversité des origines dans le genre du divertissement. En effet, si l’on exclut l’Eurovision du divertissement la proportion de personnes issu.e.s de la diversité passe de 15,66% à 7,46% dans ce genre. Ainsi, sans l’Eurovision, le divertissement est le genre de programme qui laisse le moins de place à la diversité des origines.

– L’association des personnes issues de la diversité au sport, à l’exemplification vécue, au registre de l’affect et à l’univers ludique plutôt qu’au discours critique et à la parole d’opinion est un constat récurrent au fil des analyses.

– Une fois que l’on se focalise sur les intervenant.e.s avec le niveau de participation médiatique le plus élevé (que l’on voit et qui parlent), la proportion de personnes issues de la diversité chute dans tous les sous-genres de l’information (les journaux télévisés, les magazines d’information et les débats). Par exemple : de 14,14% dans les JT si l’on prend tous.toutes les intervenant.e.s issu.e.s de la diversité à 10,64% si on ne se focalise que sur ceux.celles que l’on voit et qui parlent. La tendance se confirme au fil des analyses.

Enfin, on observe un cumul dans le déficit de représentation des femmes et des personnes issues de la diversité. Les femmes issues de la diversité font l’objet d’une invisibilisation accrue dans l’espace médiatique. C’est un constat qui se répète au fil des Baromètres.

[1] En effet, en 2013 l’actualité de la semaine encodée braquait les caméras sur le Moyen-Orient et le sud de l’Europe : couverture des réactions dans le monde arabe au film « L’Innocence des Musulmans », conflit en Syrie et au Liban, crise de la zone Euro. En 2017, l’actualité internationale de la semaine encodée est marquée principalement par l’investiture d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République et par les relations entre le Président Donald Trump et le chef du FBI. On retrouve donc une proportion importante d’intervenant.e.s perçu.e.s comme « blanc.he.s » dans l’actualité internationale..