“La possibilité de voir un programme quand on veut, où on veut et sur n’importe quel support, est aussi importante que le contenu du programme lui-même”

 

Entretien avec Cristina Zanchi, Chief Commercial Officer chez VOO et Directrice générale de BeTV

 

Pour lutter contre la fracture numérique, l’étude MAP recommande de soutenir le déploiement de la connectivité fixe et sans fil ; celle-ci doit contribuer à permettre la fourniture de services de qualité à des prix abordables. A cet égard, MAP révèle que 11,5% des ménages situés en région de langue française et en région bilingue de Bruxelles-Capitale n’ont pas de connexion Internet. Quelle réaction ce constat suscite-t-il chez VOO ? Que faire pour y remédier ?  

La fracture numérique est évidemment un véritable problème de société et, en tant qu’opérateur, VOO a pris plusieurs mesures afin de contribuer le mieux possible à sa réduction. 

D’un point de vue qualitatif, VOO investit beaucoup pour un service internet de qualité. On renforce et on étend notre couverture internet pour offrir dans la plus grande partie de la Wallonie des services pouvant aller jusqu’à 400 Mbps/sec, soit la vitesse la plus rapide en Wallonie. Dans un futur proche, nous pourrons même offrir des vitesses d’1 Gigabit/sec. 

Une autre mesure qui contribue à la réduction de la fracture numérique est la démocratisation de l’accès à internet. C’est ce que nous faisons avec notre nouvelle offre commerciale « Zuny » par exemple : une proposition d’un service internet rapide et illimité à un prix très concurrentiel sur le marché belge avec lequel nous proposons également un catalogue de séries incluses dans l’abonnement. 

Par ailleurs, nous essayons d’être le plus réactif possible comme ce fut le cas très tôt lors de la crise sanitaire lorsque nous avons décidé d’offrir l’internet illimité à nos abonnés sans supplément de prix. 

Enfin, dans la région de Liège, nous participons au projet « Inclusion for Children » pour donner un accès gratuit à internet à des élèves issus de milieux défavorisés. 

Réduire la fracture numérique est un objectif en soi chez nous. 

L’étude MAP a montré que les décodeurs des différents distributeurs (VOO, Telenet, Proximus, Orange…) sont les périphériques les plus connectés aux téléviseurs au sein des ménages possédant un téléviseur (ils y sont reliés dans 86,1% des cas). Quel regard portez-vous sur ce constat ? Est-ce que les distributeurs – via leur décodeur - cherchent à se positionner comme une porte d’entrée incontournable pour le « Home entertainment » ? 

Les décodeurs sont de plus en plus performants et offrent de nombreux services inexistants jusqu’il y a peu. Ces décodeurs s’adaptent aux besoins des consommateurs et évoluent au rythme de leurs attentes et de leurs demandes. 

Ils permettent de proposer une plus grande variété de contenu que l’on peut en outre regarder quand on veut, « à la demande » : les catalogues des chaînes, des nouvelles offres « non-linéaires » payantes ou chez nous, celle de Be tv qui propose plus de 1.000 films et programmes disponibles à n’importe quel moment. 

Outre la variété de contenu, ces décodeurs offrent aussi des fonctionnalités qui permettent aux consommateurs de diriger leur propre consommation : l’enregistrement, le replay, le start over, la fonction pause, etc… ou encore un pas plus loin, de profiter d’une expérience personnalisée et unifiée. C’est le cas chez VOO avec VOO TV+. 

Le décodeur est devenu de fait la porte d’entrée incontournable du « Home entertainment » comme c’est le cas pour le smartphone en dehors de la maison. Les opérateurs doivent impérativement répondre à ces nouveaux usages d’abord parce que la technique le permet, et puis surtout parce que le consommateur l’exige. Un décodeur qui rassemble tous les contenus et qui propose « une expérience de consommation » est un « Must Have » aujourd’hui. 

L’étude MAP met en exergue que pour une large majorité des enquêtés, les modes de consommation ne sont pas mutuellement exclusifs. S’ils ont une source de contenus privilégiée (télévision, VOD payante, etc.), ils opèrent toutefois des combinaisons entre des modes de consommation qui apparaissent comme complémentaires. Avec votre offre Zuny, les jeunes ont accès à l’Internet illimité et disposent de l’exclusivité de séries issues du catalogue de Be tv. Est-ce que cette offre sans TV répond aux tendances de marché observées ?  

Les nouveaux modes de consommation n’excluent pas les anciens effectivement. Même si la consommation non-linéaire – à la demande – s’impose de plus en plus, cela ne freine pas nécessairement la consommation en linéaire – en Live – . C’est encore plus vrai pour des programmes tels que les rendez-vous d’information comme les journaux télévisés, les programmes de téléréalité ou encore les événements sportifs qui ont moins de saveur en différé. On constate aussi de grands acteurs du non-linéaire réfléchissent à enrichir leur catalogue d’offres éditorialisées. 

En ce qui concerne la consommation « à la demande », elle a très vite évolué. Les consommateurs ont compris que pour une offre de fiction par exemple, c’est un confort absolu. Sur Be tv par exemple, les abonnés sont 60% à regarder prioritairement les films sur Be à la Demande et 40% pour les séries. 

Au lancement de Zuny, nous avons voulu « surfer » sur cette tendance de consommation en proposant dans l’offre de base du contenu non-linéaire exclusivement. Ce qui est bien sûr atypique… même si les chaînes linéaires sont proposées en option. 

Les fonctionnalités de la télévision les plus usitées via les décodeurs sont la fonction « pause » (63,2%) et l’enregistrement effectué simultanément au visionnage d’un autre programme (62,1%). Est-ce qu’en tant que distributeur, votre stratégie pour soutenir la croissance vise à privilégier l’investissement en matière de fonctionnalités (par exemple la recherche algorithmique sur décodeur) ou plutôt quant à l’offre audiovisuelle proposée (par exemple l’intégration des offres de Youtube, Netflix, Disney+, les acteurs locaux, …) ? 

L’offre audiovisuelle et les fonctionnalités sont indissociables aujourd’hui. Nous offrons la plus grande variété possible de contenu tout en continuant à investir dans le confort de vision au travers de l’interface des décodeurs. La possibilité de voir un programme quand on veut, où on veut et sur n’importe quel support, de manière unifiée et personnalisée, est aussi importante que le contenu du programme lui-même. 

Parmi les fonctionnalités proposées, la recherche algorithmique est devenue incontournable et c’est une tendance mondiale. Le consommateur a bien entendu toujours le dernier mot et peut s’en passer en la désactivant. VOO propose à présent ce type d’outil de recommandation personnalisé basé sur les métadonnées récoltées auprès des utilisateurs et sur leur comportement. Les recommandations sont bien sûr tout à fait neutres mais cela ne nous empêche pas de privilégier les contenus des éditeurs locaux pour leur accorder plus de visibilité. En aucun cas nous nous substituons aux éditeurs évidemment : nous facilitons la visibilité des programmes et la relation entre les consommateurs et les éditeurs. Nous ne sommes qu’un intermédiaire, ou un facilitateur… 

Au regard des enseignements et recommandations de l’étude MAP, quel serait selon vous l’enjeu majeur en matière de consommation de médias audiovisuels, à court et/ou moyen terme ?  

Les enjeux sont multiples, comme l’évolution exponentielle de la consommation sur les écrans mobiles. Les opérateurs doivent s’y adapter continuellement.. 

Mais un des enjeux centraux  est l’agrégation de contenus, linéaires et non linéaires : l’ensemble des acteurs médias a pour objectif aujourd’hui de devenir un « hub » pour les consommateurs pour accéder au contenu. Les exemples existent déjà en Flandre avec un partenariat entre un opérateur local et des médias locaux ou en France entre médias et diffuseurs. L’objectif reste le même pour ce nouveau type de partenariats: proposer des solutions directement au consommateur qui rassemblent l’ensemble des contenus pertinents. 

Outre cette combinaison riche et harmonieuse entre contenus linéaires et non-linéaires, il est aussi impératif d’améliorer la souplesse de vision. Sur cet enjeu, nous sommes sur la bonne voie, voire précurseur. 


 

Tous les entretiens autour de l’étude MAP