Médias de proximité : les obligations sont rencontrées pour 2019

 

Le CSA publie les résultats de son contrôle des télévisions locales[1] pour l’exercice 2019. Le régulateur dresse un bilan positif : les douze éditeurs rencontrent globalement leurs obligations.

Parmi les tendances de ce contrôle, le CSA souligne notamment la stabilisation de la production propre, l’augmentation de 30 % de la programmation sectorielle en matière d’éducation permanente et une progression encourageante de l’audience des éditeurs sur les réseaux sociaux.

 

Le CSA attire l’attention des éditeurs sur la nécessité de mettre en place davantage de mesures concrètes afin d’augmenter la proportion de leurs programmes rendus accessibles aux personnes en situation de déficience sensorielle. En outre, s’il constate une progression de la production des programmes d’éducation permanente à l’échelle du secteur, le CSA rappelle que certains éditeurs semblent rencontrer des difficultés à concrétiser durablement cette mission de service public.

 

Médias de proximité : Synthèse transversale 2019

 

Une stabilisation de la production propre

 

La production propre est le reflet du positionnement unique de chaque média de proximité. Elle est la raison d’être de ce secteur qui produit, coproduit ou échange plus de 95% de sa programmation. Sur l’exercice 2019, les médias de proximité ont (co)produit 4294 heures de programmes locaux. Il s’agit d’un vecteur de diversité et de pluralisme important du paysage audiovisuel belge francophone.

La production propre reste aussi un critère important de subventionnement des médias de proximité. Le graphique ci-dessous représente l’évolution de cette production à l’échelle du secteur sur les 10 dernières années. Pour rappel, historiquement, sa prévalence dans l’attribution des subsides avait déclenché une course constante à la production propre. Dès 2015, la variable s’est cependant stabilisée, en partie sous l’effet d’une réforme du financement visant à lisser l’impact des variations annuelles de la production propre sur le montant des subventions.

Fig-1 : Production propre des médias de proximité – durée annuelle cumulée (en heures)

La durée comptabilisée pour 2018 marquait une forte hausse par rapport à l’année précédente (+11%). Cette augmentation s’expliquait principalement par la couverture des élections communales (près de 400 heures cumulées). Sur 2019, la durée se restabilise dans la lignée des années 2014 et suivantes.

Les calculs du CSA pour 2019 intègrent une durée plus importante de programmes destinés à une diffusion sur internet. Ceux-ci sont systématiquement comptabilisés à condition qu’ils rencontrent les critères de la définition décrétale. Le CSA constate que les médias de proximité développent progressivement une production audiovisuelle qui intègre les codes spécifiques des plateformes en ligne (site internet, réseaux sociaux).

Le Collège a récemment clarifié l’interprétation qu’il donne à la définition décrétale de production propre (article 1er 35°) avec deux objectifs : 1. garantir une égalité de traitement entre les éditeurs et 2. fixer des balises claires pour la prise en compte des productions audiovisuelles destinées à une diffusion exclusive sur Internet. Ses conclusions ont été transmises à la Fédération des télévisions locales pour consultation sectorielle.

 

Fig-2 : Production propre – évolution par média de proximité (en heures)

 

L’analyse de la production propre par média de proximité sur les 5 derniers exercices met notamment en évidence la progression importante de TV Com.

 

Lors du contrôle de l’exercice 2017, le Collège constatait que l’éditeur n’atteignait pas le quota de production propre fixé par sa convention. Le média de proximité s’est depuis largement remis en conformité avec ses engagements.

 

 

 

 

L’éducation permanente reste la mission la moins représentée

 

Chaque média de proximité doit produire en moyenne 12 programmes par an relevant de l’éducation permanente (article 14 des conventions). Cette mission recouvre des thématiques variées telles que la vulgarisation scientifique, la sensibilisation au cadre de vie, la cohésion sociale, la protection des consommateurs, etc. La majorité des éditeurs concrétise la mission de manière régulière et diversifiée. Toutefois, certains médias de proximité semblent éprouver plus de difficultés à apprivoiser durablement cette mission d’intérêt général.

Pour une analyse détaillée de sa méthodologie de contrôle ainsi qu’un état des lieux de la programmation des télévisions locales relevant de la mission d’éducation permanente, le Collège réfère à sa synthèse transversale du contrôle de l’exercice 2017 (pages 12 et suivantes).

Sur l’exercice 2019, les télévisions locales ont produit 5073 minutes de programmes d’éducation permanente, soit près de 85 heures. Cette durée représente 2% de la production propre totale du secteur. Il s’agit de la mission de service public la moins représentée, largement derrière l’information (environ 70%) et la culture (environ 20%).

La programmation d’éducation permanente est néanmoins en augmentation significative. Sur les deux derniers exercices, elle passe de 3930 minutes à 5073 minutes, soit une progression de 30%. Le graphe en Fig-3 illustre la répartition de cette durée entre éditeurs.

 

Fig-3 : Programmes d’éducation permanente – durée annuelle (en heures)

 

  • Une majorité des éditeurs concrétise la mission au travers de programmes réguliers et diversifiés. Par exemples, Notélé, BX1, Antenne Centre et Télésambre proposent chacune 3 formats télévisuels distincts touchant à l’éducation permanente.

 

  • Après plusieurs contrôles problématiques quant à la concrétisation de l’article 14 de sa convention, TV Com produit désormais un programme régulier relevant de l’éducation permanente. Le Collège salue ce développement.

 

  • Le Collège émet des réserves relatives à 3 éditeurs :
    • Vedia n’a pas produit de programme spécifique d’éducation permanente durant l’exercice 2019. Le même constat était posé lors du contrôle précédent. Dans son avis n°21/2019, le Collège avait suspendu la notification d’un grief au redéploiement par l’éditeur d’une offre de programmes d’éducation permanente « dans un délai raisonnable». Vedia confirme qu’un nouveau programme régulier concrétise l’article 14 de sa convention depuis début 2020. Le Collège décide d’en tenir compte pour suspendre effectivement la notification de grief. Cependant, il recommande à l’éditeur de stabiliser cet aspect de sa programmation sur le long terme.
    • RTC Liège déclare rencontrer son obligation via la production d’un programme de format court. La durée consacrée à concrétiser la mission reste cependant en-deçà des pratiques du secteur et ne satisfait que de justesse au prescrit de la convention. Le Collège invite l’éditeur à repenser rapidement la place de l’éducation permanente dans sa programmation.
    • Matélé déclare rencontrer son obligation via la captation de conférences organisées par diverses associations locales. Il s’agit d’un axe important de sa programmation. Le Collège considère que ces captations s’inscrivent pleinement dans les missions de service public que sont la participation à la vie locale et la mise en valeur des initiatives du tissu associatif. Le Collège émet néanmoins des réserves quant au fait que ces captations puissent concrétiser spécifiquement l’article 14 de la convention. En effet, l’intervention de Matélé dans ce cadre s’apparente plus à une prestation technique qu’à une réelle conception éditoriale. L’investissement du média de proximité dans la concrétisation de sa mission d’éducation permanente se trouve diminué du fait que l’essentiel du propos éditorial est en quelque-sorte délégué à différents partenaires et intervenants. En conséquence, le Collège constate que l’arrêt de la production du programme d’archives « La visionneuse 4D » n’a pas été compensé. L’intensité avec laquelle Matélé concrétise l’article 14 de sa convention s’en trouve fortement diminuée. Le Collège invite dès lors l’éditeur à repenser la place de l’éducation permanente dans sa programmation.

 

 

Accessibilité : il faut plus de concret en prévision des obligations prévues en 2021

 

Le CSA rappelle que les obligations quantitatives du nouveau Règlement en matière d’accessibilité des programmes aux personnes en situation de déficience sensorielle, adopté le 17 juillet 2018 par le Collège d’avis, entrent en application pour l’exercice 2021. C’est-à-dire dans quelques semaines. En effet, suivant sa logique d’implémentation progressive, le Règlement prévoit un premier palier de quotas de programmes accessibles à atteindre (50% des obligations), ainsi que l’entrée en vigueur d’une série d’obligations de moyens.

Le CSA poursuit l’état des lieux des initiatives prises par les éditeurs et par le Réseau des Médias de proximité afin d’anticiper l’entrée en vigueur de ces obligations

En 2019, le Réseau des Médias de proximité (“RMDP”) a concentré une partie importante des développements du secteur en matière d’accessibilité. Il a notamment coordonné la prospection du secteur (analyses de marchés, tests de matériel et de logiciels) en s’appuyant sur la collaboration d’éditeurs « pilotes » afin d’assurer une mise en œuvre effective. Des contacts sont également en cours avec les distributeurs et d’autres prestataires en vue de couvrir tous les aspects du Règlement (pictogramme, gestion des sous-titres et des pistes sonores). Ces démarches du RMDP se poursuivent et s’intensifient en 2020.

En termes de programmes rendus accessibles, le JT quotidien « Vivre Ici », coproduit par les 12 médias de proximité, est rediffusé sur l’ensemble du réseau accompagné d’une interprétation en langue des signes. En première diffusion, ceci représente 49 heures de programmes rendus accessibles en 2019. S’ajoutent la diffusion en direct de séances du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles accompagnées par l’interprétation en langue des signes. À ce stade, ces tests représentent 4 heures supplémentaires de programmes rendus accessibles. Ces durées sont comptabilisables par chaque éditeur.

 

Fig-4 : durée totale des (co)productions accessibles en première diffusion

 

Le graphique ci-dessus représente les durées totales de programmes en première diffusion rendus accessibles, elles combinent donc les initiatives du Réseau des Médias de proximité et celles développées spécifiquement par certains éditeurs.

Sur l’exercice 2019, 6 éditeurs ont pris, poursuivi ou intensifié des démarches spécifiques en matière d’accessibilité :

  • Canal C (95 heures) : interprétation en langue des signes des journaux télévisés, des directs durant les Fêtes de Wallonie. En outre, l’éditeur a fait découvrir la langue des signes aux téléspectateurs à travers 36 capsules intitulées « Un petit signe ».
  • RTC Liège (80 heures) : interprétation en langue des signes du magazine « Signé Actu ». Le Collège salue cette forte augmentation de la durée de programmes rendus accessibles.
  • Télésambre (20 heures) : interprétation en langue des signes des magazines d’information « Sans langue de bois » et « L’invité de la semaine ».
  • TV Lux (24 heures) : interprétation en langue des signes de « L’Hebdo », de 8 magazines de la rédaction ainsi que de débats électoraux.
  • BX1 (8 heures) : diffusion avec sous-titrages adaptés du programme « Bien entendu » qui consiste en la synthèse de l’actualité de la semaine.

Le Collège salue ces démarches spécifiques.

Néanmoins, en vue de rencontrer les objectifs du nouveau Règlement, il invite les médias de proximité à intensifier fortement leur prise en charge de cet enjeu d’intérêt général, notamment en réfléchissant aux moyens de rendre leur JT accessible, ainsi qu’en développant le sous-titrage des coproductions et de ceux parmi leurs programmes qui sont les plus échangés. En effet, l’obligation consistant en un quota de diffusion, les échanges et coproductions de programmes rendus accessibles sont comptabilisables par chaque éditeur. Ces synergies apparaissent comme essentielles dans la perspective de l’entrée en vigueur des objectifs revus à la hausse du nouveau Règlement.

 

Réseaux sociaux : une progression encourageante de la présence en ligne des éditeurs

 

Les médias de proximité poursuivent le développement d’une offre audiovisuelle en ligne, qu’elle soit de rattrapage ou exclusive. Ils suivent de près les tendances du « journalisme mobile » et de la production dite « webfirst » afin de toucher de nouveaux publics sur la toile.

L’adhésion aux pages Facebook des médias de proximité est un bon indicateur du niveau d’engagement atteint. Les publications permettent de renforcer le lien de proximité entres les éditeurs et leurs publics, de récolter des retours sur les programmes (commentaires, propositions de sujets, participation à des sondages, etc.), d’obtenir des données d’audiences précises.

 

Fig-5 : pages Facebook principales des médias de proximité – évolution du nombre de « likes » cumulés

Le nombre de « likes » cumulés des 12 médias de proximité continue de progresser entre 2019 et 2020, passant de 359.383 à 405.884 (progression de 12,9%).

Lorsque l’on se penche sur la progression par média de proximité, celles de RTC Liège (+25,6%), Notélé (+19,9%) et Matélé (+13,2%) sont les plus significatives.

 

Ces développements constants rassurent quant à la manière dont les médias de proximité anticipent activement le basculement de l’audiovisuel sur internet.

 

 

[1] Désormais désignées “Médias de proximité”

 

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