• Le CSA publie ses avis relatifs au contrôle annuel des douze télévisions locales de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
  • Le bilan est positif : les obligations légales et les missions de service public sont globalement respectées.
  • Tendances et perspectives. Le point en quatre thématiques.

 

 

Les missions

 

À l’issue du contrôle annuel de l’exercice 2016, le CSA souligne l’apport marquant du secteur des télévisions locales au pluralisme et à la diversité du paysage audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un bref aperçu quantitatif de la programmation de service public produite en 2016 permet de se souligner le travail mené par les télévisions locales auprès de leurs publics :  

 

  • 3115 journaux télévisés inédits ;
  • 800 heures de programmes d’information (magazine, débats, reportages, etc.) ;
  • 450 heures de programmes culturels (mise en valeur des artistes et du patrimoine) ;
  • 150 heures de programmes participatifs, c’est-à-dire de programmes qui impliquent directement les téléspectateurs dans la production (jeux télévisés, diffusion de films amateurs, programmes impliquant des associations, etc.) ;
  • 120 heures de programmes d’éducation permanente (cohésion sociale, éducation vulgarisation scientifique, histoire, etc.).

 

En outre, les télévisions locales restent partenaires des principaux événements culturels, sportifs et académiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles (captations et partenariats variés). 

 

Les publics jeunes

 

Les publics jeunes sont le moteur principal des tendances actuelles de consommation audiovisuelle : mobile, non-linéaire, connectée… Conscientes de la nécessité de rajeunir leurs audiences, les télévisions locales s’adaptent en proposant des formats susceptibles de cibler directement les 15-34 ans. Il s’agit globalement d’un enjeu vital pour toutes les télévisions traditionnelles, un enjeu dont la complexité est bien connue du Collège qui, récemment, dans une décision relative à la RTBF[1], rappelait « le désarroi des médias traditionnels face à un public jeune qui se désintéresse d’eux ». La préoccupation de toucher les jeunes publics est aussi à la source d’investissements importants de la RTBF qui a récemment déployé l’application Tarmac et s’engage davantage vers des formats adaptés aux réseaux sociaux comme Snapchat. 

 

Au-delà de l’enjeu de l’audience, laisser une plage d’expression aux enfants et aux adolescents relève de certaines missions de service public que le Collège souhaiterait voir mieux valorisées dans la programmation de certaines télévisions locales : éducation permanente (plus précisément éducation aux médias) et participation-animation.

 

Ces développements de programmation s’accompagnent la plupart du temps d’une réflexion sur les canaux de diffusion les plus propices pour susciter l’engagement des publics jeunes. Les télévisions locales sont de plus en plus actives sur Internet (portails non linéaires, contenus 360°, social TV) et cette évolution nourrit leurs réflexions sur la programmation et sur les modes de production.

 

Nouveaux programmes « jeunesse » démarrés en 2016 :

 

  • « Les Testeurs » (RTC) – des adolescents recrutés via Facebook guident les téléspectateurs dans la visite décalée d’un lieu ou d’un évènement phare de la région ;
  • « Coal Kids » (Télésambre) – magazine multithématique centré sur les 15-30 ans (musique, culture geek, séries, conseils) ;
  • « 1, 2, 3 Piano » (Notélé) – des adolescents issus des académies de la région témoignent de leur passion pour le piano.
  • « La séquence école » (Canal Zoom) – les enfants présentent leur école, leur classe, leurs projets, certains s’improvisent reporters pour l’occasion.

 

Ces nouveaux programmes viennent compléter l’offre déjà existante notamment composée de « 109 », « Les enfants nous parlent » (Canal C), « Dbranché » (TV Com) et, dans un registre lié à l’éducation et à la parentalité : « Mon p’tit doigt m’a dit » (TV Lux) et « Une éducation presque parfaite » (Télésambre).

 

Les réseaux sociaux

 

Le CSA relevait déjà dans son bilan précédent : « en tant que médias de proximité, les télévisions locales développent des stratégies de plus en plus performantes sur les réseaux sociaux ». Cette énergie déployée dans la « télévision sociale » continue de porter ses fruits : le CSA constate que l’adhésion en ligne des télévisions locales poursuit sa courbe ascendante entre octobre 2016 et octobre 2017 : +46% sur Facebook (235.000 « likes » cumulés) et +16% sur Twitter (33.000 « followers » cumulés). Certaines télévisions renforcent en outre leur présence sur Instagram avec notamment pour objectif d’augmenter leur notoriété auprès des jeunes.  En l’absence de chiffres d’audience précis, cette adhésion en ligne est un bon indicateur de la manière dont les télévisions locales parviennent à toucher leurs publics.

 

En 2016, les équipes de Matélé se sont investies dans un projet transmedia intitulé « #tousàtable ».

Le fond ? Une programmation interactive d’éducation permanente destinée à remettre en perspective nos réflexes alimentaires.

La forme ? 6 à 7 heures de contenus produits selon les nouveaux codes connectés : vidéo verticale, captation 360°, Facebook live, journalisme mobile, webdoc, etc.

L’initiative visait également à réduire la fracture numérique en proposant aux téléspectateurs des sessions de formation à l’usage des réseaux sociaux.

 

Relevons enfin la plateforme commune développée par les télévisions locales dans la perspective des élections communales de 2018. Ce portail donnera accès de manière centralisée à tous les programmes et reportages réalisés dans le cadre du scrutin. Au-delà de l’information stricto sensu, la plateforme est présentée comme un outil pédagogique destiné à favoriser « une participation citoyenne démocratique locale ». Les contenus mis à disposition le seront également via les réseaux sociaux.

 

2016, une année de transition

 

Mi-2016, le secteur s’accordait sur des objectifs communs consignés dans un « livre blanc » présenté au Ministre des médias. Ce document prospectif engage notamment les télévisions locales à mettre en place des synergies « tant sur le plan des ressources humaines que sur celui des moyens techniques et numériques ». Le CSA constate que certains effets positifs de cet accord se font ressentir en 2017 : programmation commune, valorisation des expertises, achat groupé de matériel, mise en place de formations…

 

Autre avancée : la réforme de subventionnement des télévisions locales. Pour rappel, le Ministre des médias a diminué l’impact du critère de la production propre sur le montant perçu par chaque éditeur. Le CSA perçoit trois avantages à cette réforme : la fin de la concurrence contre nature que se livraient sur ce point les télévisions locales[2], les possibilités d’étoffer la programmation avec des collaborations extérieures, un déploiement plus spontané de la production sur Internet.

 

Le CSA constate que la durée de la production propre totale du secteur recule sur 2016, ce qui est inédit. Une explication plausible réside dans la modification des critères de subventionnement. Mais il serait toutefois prématuré de valider cette hypothèse avant d’en avoir confirmation lors du contrôle prochain. En outre, le CSA annonce une réflexion autour de la notion de production propre afin de neutraliser toutes les formes de contournement de la définition et afin de prendre éventuellement en considération le développement de la production destinée à Internet.

 

Enfin, en prévision du renouvellement des conseils d’administration des télévisions locales, prévu dans la foulée du prochain scrutin communal, le CSA et le secteur progressent vers une clarification de la composition des conseils d’administration. En 2016, si des efforts ont été accomplis vers plus de transparence, la représentation des secteurs associatifs et culturels reste insuffisante dans plusieurs cas.   Le CSA considère en outre que le décret pourrait être plus précis quant à l’intention du législateur. Il entend poursuivre ses travaux afin de garantir un maximum d’ouverture et d’équilibre aux organes de gestion des télévisions locales.

 

Sur ces trois points, le CSA perçoit 2016 comme une année de transition. Des projets et tendances sont initiés mais ne démontrent pas encore tout leur potentiel. Il faudra examiner les données du contrôle 2017 pour leur donner sens.

 

Consultez le bilan 2016

 


[1] Collège d’autorisation et de contrôle du CSA, décision du 9 mars 2017.

[2] En Fédération Wallonie-Bruxelles, chaque télévision locale bénéficie d’une subvention annuelle de fonctionnement composée de deux parties : la première est fixe, la seconde est variable. La partie variable est calculée selon quatre critères : la durée des programmes produits ; la population de la zone de couverture ; le nombre de salariés ; la « productivité » (sorte de ratio entre les critères 1. et 3.). La partie variable de la subvention consiste à répartir un montant fixe (une « enveloppe fermée »), indexé annuellement, entre les douze éditeurs. Cela signifie concrètement que plus une télévision locale obtient un « bon bulletin » au regard des 4 critères précités, plus sa subvention augmente. Mais, en vertu d’un jeu de vases communicants, les subventions des autres télévisions locales diminuent. Ceci occasionne un manque de prévisibilité budgétaire pour le secteur dans son ensemble. Parmi les quatre critères évoqués, celui de la production propre est pondéré de manière plus importante dans le calcul de la partie variable des subventions.

 

 

  

 

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Contact presse 

François Massoz-fouillien

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