Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie sa synthèse relative au contrôle annuel 2016 des radios privées FM autorisées en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette publication est notamment l’occasion de se pencher sur la diffusion d’œuvres musicales issues de la Fédération Wallonie-Bruxelles en croissance régulière ces dernières années. Les diffuseurs respectant et dépassant parfois largement leurs engagements.

 

Cette année, le CSA publie également le hit-parade des artistes les plus diffusés sur nos ondes. Mais de manière générale, la synthèse transversale permet, comme chaque année, de prendre le pouls d’un secteur en constante évolution en observant notamment sa santé économique et l’emploi qu’il génère.

 

En marge de la publication de cette synthèse transversale, l’instance de régulation rappelle ses interrogations sur l’élaboration du prochain Plan de fréquences et la mise en œuvre de la transition vers la radio numérique terrestre. Le Bureau du CSA a réfléchi à ce dossier à de nombreuses reprises au cours des derniers mois et a tenu à adresser une série de questions au Gouvernement sur la manière dont les autorités politiques entendent assurer la transition de l’ensemble du paysage de la radio dans le respect des principes fondamentaux de la diversité et de l’accès du public à une offre plurielle.

 


 

BILAN

 

 

Un chiffre d’affaires moyen stable

 

Le paysage radiophonique belge francophone présente un large éventail de profils de radios en réseaux, qui disposent de plusieurs fréquences, et de radios indépendantes, qui ne disposent que d’une seule fréquence.

 

Le chiffre d’affaires global des radios privées présente une hausse de 4.197.878,29 € par rapport à l’exercice 2015. Il est en hausse dans les réseaux communautaires et urbains (C&U) (+2.440.167,65 €) ainsi que dans les réseaux provinciaux (+1.823.498,67 €).

 

Bien que le chiffre d’affaires moyen ne diminue pas, le chiffre d’affaires global des radios indépendantes accuse une légère diminution (-65.788,03 €) et ne poursuit pas la progression constatée au précédent contrôle. Cette diminution peut s’expliquer par la disparition d’une radio (Radio Italia) et la non-remise des comptes d’une autre (Radio KIF).

 

 

Sources de revenus diversifiées

 

Alors que les radios en réseau sont majoritairement financées par la publicité, le chiffre d’affaires des radios indépendantes est toujours généré par des sources diverses : recettes publicitaires, subsides, dons, cotisations et cartes de soutien, revenus d’activités parallèles. Il est également tenu compte des subsides versés aux 22 radios qui disposent du statut de radio associative et d’expression à vocation culturelle et d’éducation permanente.

 

Parmi les 12 radios indépendantes qui bénéficient du budget le plus important, huit ne font pas du tout de publicité et ne génèrent donc pas de revenus directs : 48 FM et Radio Campus reçoivent des financements de l’ULg pour une et de l’ULB pour l’autre, Mixt est associée à une maison de jeunes qui finance le projet radio, Radio Panik reçoit des subsides à l’emploi de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Radio Libellule bénéficie également de subsides, les RCF Bruxelles Liège et Namur reçoivent des dons et sont financés par les diocèses.

 

L’emploi : salarié versus bénévole

 

En 2016, on comptait un total de 242,26 emplois dans les radios en réseau. Ce qui représente une augmentation de 33 équivalents temps-plein (ETP) par rapport à 2015. La masse salariale totale représentait 16.202.060,61€. Les principaux employeurs sont les réseaux communautaires. En 2016, une augmentation importante a été notée dans les radios du groupe NRJ/Nostalgie

 

Du côté des radios indépendantes, le bénévolat reste la règle. On dénombrait 1916 bénévoles actifs sur le contrôle 2016, soit 357 bénévoles en moins par rapport à 2015. Les radios indépendantes fonctionnent avec une moyenne de 27 bénévoles par radio. Cela équivaut à une moyenne hebdomadaire d’heures prestées de 152 heures, soit un peu plus de 4h/personne/semaine.

 

Si le nombre de travailleurs salariés a augmenté dans les radios en réseau, le nombre de radios indépendantes qui recourent à des travailleurs salariés diminue légèrement à 19 éditeurs, certaines radios ont plutôt recours à des travailleurs indépendants.

 

 


 

 

 

FOCUS – La diffusion des œuvres musicales issues de la FWB, bon bulletin et classement des artistes

 

Parmi les différentes obligations faites aux éditeurs, une veille à valoriser la production musicale de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ainsi, les éditeurs doivent diffuser annuellement un quota d’au moins 4,5 % d’œuvres musicales issues de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Sont définies comme telles les œuvres « émanant de compositeurs, d’artistes-interprètes ou de producteurs indépendants dont le domicile, le siège d’exploitation ou le siège social est situé en région de langue française ou en région bilingue de Bruxelles-Capitale[1]. »

 

Les radios autorisées sont non seulement soumises au respect de ce seuil de 4,5% d’œuvres musicales de la Communauté française, mais aussi au respect de leurs propres engagements figurant dans leur dossier de candidature rentré en réponse à l’appel d’offres.

 

En 2016, toutes les radios en réseau ont respecté leur obligation et leur engagement. Plusieurs éditeurs ont même doublé leur diffusion par rapport à l’engagement annoncé. C’est le cas de Radio Contact, Bel RTL , Sud Radio et Maximum FM.

Pour rappel, en 2010, 6 radios en réseaux n’atteignaient pas leurs engagements. Les résultats du précédent contrôle annuel montraient déjà des résultats positifs quant au respect de cet engagement. En 2016, la tendance se confirme.

 

 

Comparatif des résultats 2016 des radios en réseau avec leurs engagements

 

Nom du réseau

Engagements %

Résultats  %

Différences %

Antipode

5

7,89

2,89

Bel RTL

5,1

9,57

4,47

DH Radio

7,5

11

3,5

FUN

5,7

9,44

3,74

Maximum FM

7,5

11,75

4,25

Must FM

5,3

8,3

3

Nostalgie

5

6,75

1,75

NRJ

6,5

7,92

1,42

Radio Contact

4,97

11,09

6,12

Sud Radio

5,5

10,9

5,4

 

 

 

Après une année 2014 marquée par le succès international de Stromae, l’année 2015 avait vu l’émergence de nouveaux talents de la Fédération Wallonie-Bruxelles dont Lost Frequencies, Alice on the Roof et Loïc Nottet formaient le trio de tête. En 2016, on retrouve Puggy, Lost Frequencies feat. Sandro Cavazza et Alice on the Roof sur le podium des artistes les plus diffusés.

 

En comparaison, dans l’Ultratop 100 (classement des meilleures ventes, des titres les plus téléchargés ainsi que ceux qui comptent le plus de streaming et qui ont été le plus diffusés) de 2009, seuls 2 artistes FWB étaient classés (Stromae 25ème et Leopold Nord 88ème). En 2016, 9 places du top 100 sont occupées par des artistes FWB (Alice on the roof 17ème, LostFréquencies 24ème, Kid Noize 33ème, Puggy 35ème, Alex Germys 60ème, Puggy 67ème, Milow 71ème, Delta 87 et 92ème).

 

Classement des artistes les plus diffusés en radio en 2016

Classement

Artiste

1

Puggy

2

Lost Frequencies

3

Alice On The Roof

4

Delta

5

Alex Germys feat. Myah

6

Kid Noize

7

Henri Pfr

8

Milow

9

Emma Bale feat. Milow

10

Saule

 

 

Source : Radiomonitor (données de Bel RTL, Radio Contact, NRJ, Nostalgie, DH Radio, Fun Radio,

+ RTBF (Classic 21, La Première, Pure et Vivacité)

 

Classement des artistes les plus diffusés sur les radios privées

Classement

Artiste

1

Puggy

2

Alice On The Roof

3

Delta

4

Lost Frequencies

5

Saule

6

Antoine Henaut

7

Suarez

8

Stromae

9

Milow

10

Axelle Red

 

Source : échantillons du CSA (données de Bel RTL, Radio Contact, NRJ, Nostalgie, DH Radio, Fun Radio etdes radios provinciales Antipode, Must FM, Maximum et Sud Radio).

 


 

 

 

PERSPECTIVE – L’intégration des radios indépendantes dans le prochain plan de fréquences : qualité et diversité doivent coexister.

 

Dans le cadre du prochain plan de fréquence, le cadastre actuel permettant d’intégrer le paysage radiophonique en FWB sera repensé pour assurer à la fois la transition numérique des radios vers le DAB+ et le maintien du réseau FM actuel. C’est au CSA qu’il revient d’autoriser l’usage des radiofréquences des services sonores privés en mode analogique et numérique sur base d’un appel d’offres lancé par le Gouvernement.

 

Il existe actuellement des propositions d’architecture, pilotées par la RTBF en concertation avec les réseaux privés, qui dessinent les contours de la future cartographie en vue du prochain plan de fréquences.

 

Concrètement, trois MUX (multiplex) sont envisagés pour intégrer les réseaux futurs en DAB+, deux permettant de répondre aux besoins des radios de la RTBF et des radios privées en réseaux qui couvrent l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le troisième destiné à intégrer les radios indépendantes pour une diffusion locale.

Le CSA a récemment interpellé le Gouvernement sur les conséquences de cette proposition d’architecture et se questionne sur la faisabilité technique, financière et sur la qualité du MUX 3 envisagé pour les radios indépendantes.

 

Huit radios indépendantes risquent d’être écartées du projet d’architecture  

 

Le MUX 3 envisagé propose des solutions alternatives en plaçant des émetteurs supplémentaires dans certaines localités pour permettre aux radios indépendantes d’émettre en DAB+ localement. Des tests sont par ailleurs toujours en cours pour déterminer la qualité de couverture de certaines de ces zones. Le CSA pointe un double problème concernant la solution proposée pour cette architecture.

 

Premièrement, le coût de chacun des émetteurs est évalué à 10.000 €, pour le CSA, ce coût serait sous-évalué et ne prendrait pas en compte certains frais tels que le loyer et l’entretien du site, l’électricité, et le relais du signal (du studio vers l’émetteur du mux). Si le Gouvernement participera à hauteur de 10.000€ par émetteur, la probabilité que la plupart des radios indépendantes ne puissent pas assurer les frais supplémentaires est importante.

 

Ensuite, ce projet d’architecture parvient à couvrir 65 radios indépendantes contre 73 radios autorisées actuellement. Huit radios indépendantes ne trouvent donc pas leur place dans l’architecture projetée.

 

 

Certaines radios indépendantes pourraient émettre plus largement

 

Le second questionnement du CSA concerne le choix du débit octroyé au MUX1 et au MUX2.  Le projet envisagé propose un débit de 96 kbps. Ce débit permettrait effectivement d’obtenir une qualité de diffusion importante. Dans le même temps, il limiterait à 12 radios seulement la place disponible sur les réseaux MUX 1 et 2 dont la vocation est de couvrir, pour chacune des 24 radios, l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

 

Une comptabilisation réalisée par le CSA sur 393 services en DAB+ en Norvège, Suisse, France, Pays-Bas, Belgique (Flandre) montre que, 165 radios sont transmises en 64 kbps et non en 96 kbps. Ainsi aux Pays –Bas, 68% sont diffusés en 64 kbps et en Suisse, 85% sont diffusés entre 64 et 80 kbps pour une bonne qualité de diffusion.

 

Si les réseaux MUX1 et MUX2 étaient conçus avec un débit de 64 kbps, ils pourraient dès lors accueillir davantage de radios. Et pourquoi pas certaines radios indépendantes dont les thématiques et les communautaires qui pourraient toucher un large public en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Cette solution permettrait peut-être de résoudre une partie du problème concernant les 10 radios indépendantes absentes du projet d’architecture du MUX3.

 

L’une des missions fondamentales du CSA est de préserver et de garantir aux citoyen.ne.s une offre de média pluraliste. Préserver la diversité du paysage radiophonique en Fédération Wallonie-Bruxelles implique également d’assurer la pérennité des radios indépendantes. L’objectif étant d’éviter qu’elles soient reléguées à la seule bande FM, à l’heure où la transition vers le DAB+ est en route.

 

Le CSA entend rappeler que l’architecture pensée en amont du futur plan de fréquences aura un impact important sur le pluralisme, car cette structure limitera ou augmentera les possibilités d’intégrer une grande diversité de services radiophoniques.

 

Consultez le bilan 2016 : Radios privées

 

 
 


[1] Décret sur les services de médias audiovisuels, article 53, §2, 1° d).

 

 

  

 

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