Protection des mineur.e.s : le CSA rend sa décision concernant la diffusion par la RTBF des images de l’arrestation ayant entraîné la mort de George Floyd

 

Le Collège d’autorisation et de contrôle du CSA publie sa décision concernant la diffusion par la RTBF, lors de son journal télévisé de 19 heures 30 du 28 mai 2020, des images de l’arrestation ayant entraîné la mort de George Floyd, sans les faire précéder d’un avertissement oral. A la suite de la réception d’une plainte, le Secrétariat d’instruction du CSA avait ouvert une instruction, estimant que la séquence était susceptible de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineur.e.s, sans l’avoir fait précéder d’un avertissement oral. Après avoir entendu les arguments de l’éditeur, le Collège a déclaré le grief établi, mais a toutefois estimé qu’une sanction n’était pas nécessaire, considérant que l’éditeur avait mené une réflexion sérieuse sur la question. Le Collège invite néanmoins la RTBF à rester vigilant par rapport à la problématique des images violentes et/ou choquantes et à toujours garder à l’esprit la diversité des publics auxquels elle s’adresse. 

 

Rappel des faits et de la procédure 

La décision concerne la diffusion, par la RTBF, dla vidéo de l’arrestation et des violences ayant causé la mort de George Floyd, dans son JT du 28 mai 2020, sans l’avoir fait précéder d’un avertissement oral visant à protéger les mineur.e.s. 

La RTBF avait en effet, dans le contexte de la mort de George Floyd et des émeutes l’ayant suivie, diffusé à plusieurs reprises, les 27 et 28 mai 2020 dans ses journaux télévisés, des extraits de la vidéo des violences infligées à la victime. Si lors des premières diffusions des images (27 mai), le présentateur avertissait le public de la dureté de celles-ci, tel n’avait pas été le cas lors de leur diffusion le lendemain (28 mai). 

A la suite du dépôt d’une plainte, le Secrétariat d’instruction du CSA avait ouvert une instruction et le Collège d’autorisation et de contrôle avait notifié à la RTBF le grief d’avoir, le 28 mai 2020, diffusé dans son journal de 19 heures 30 une séquence susceptible de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineur.e.s sans l’avoir fait précéder d’un avertissement oral1 

La question était donc de déterminer si les images des violences infligées à George Floyd auraient dû, dans l’édition du 28 mai 2020 du JT de 19h30, faire l’objet d’un avertissement préalable. 

 

Avertissement préalable 

Invitée à exposer ses arguments, la RTBF a indiqué que ce défaut d’avertissement découlait d’une décision éditoriale consciente et assumée, l’éditeur estimant avoir mené une réflexion sérieuse sur son opportunité. Selon la RTBF, un avertissement n’était en effet plus nécessaire étant donné l’ancienneté des images, leur diffusion massive par les médias et réseaux sociaux, et leur connaissance dès lors présumée par un large public. Après avoir entendu les arguments de l’éditeur, le Collège reconnaît qu’une réflexion a manifestement été menée en rédaction, et ne conteste pas la bonne foi de ses responsables. Toutefois, il note que ces dernier.ère.s n’ont peut-être pas pris le recul nécessaire par rapport à leur propre point de vue pour tenir compte de celui du public (et notamment des mineur.e.s) qui n’a pas le même rapport à l’actualité. Le Collège insiste par ailleurs sur le caractère de service public de l’éditeur, lui conférant une responsabilité renforcée. En l’espèce, il estime qu’il était prématuré, le lendemain de la première diffusion des images litigieuses sur les chaînes de télévision belges francophones, de déjà les diffuser sans avertissement préalable. Il n’était en effet pas acquis que la majorité du public (et a fortiori des mineur.e.s) les avait déjà vues et savait à quoi s’attendre. Le Collège souligne enfin que l’avertissement préalable ne doit pas seulement informer le public sur le contenu des images qu’il va voir, mais sur leur caractère choquant en lui-même.  

  

Décision 

Après avoir entendu les arguments de l’éditeur, le Collège a dès lors considéré que, si le grief était établi (l’éditeur ayant commis une erreur d’appréciation en ne tenant pas compte de tous ses publics pour évaluer si les images litigieuses étaient suffisamment connues pour se passer d’avertissement préalable), la RTBF n’avait néanmoins pas fait preuve de légèreté et avait mené une réflexion sur la question. Dans ces circonstances, le Collège a estimé qu’une sanction n’était pas nécessaire. Il invite toutefois l’éditeur à conserver sa vigilance par rapport à la problématique des images violentes et/ou choquantes et à toujours garder à l’esprit les publics auxquels il s’adresse dans toute leur diversité. 

 

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