Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a finalisé son avis relatif au respect des obligations de la RTBF sur l’exercice 2020 telles que prévues dans le contrat de gestion de l’éditeurLe rapport passe en revue les missions de l’éditeur public sur l’ensemble des services qu’il édite en télévision, en radio et sur internet, entre autres la production propre, les différents quotas en télévision et en radio, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’accessibilité des programmes ou encore l’information.  Une série de fiches contenant une analyse détaillée pour chacune de ces obligations sont disponibles dans le bilan.  

 

L’exercice met en évidence la capacité de la RTBF à se repenser, notamment dans un contexte de consommation de l’audiovisuel qui évolue et se complexifie. En témoignent la mise en route de Tipik, fusion entre la chaine télévisée La Deux et la radio Pure, le succès rencontré par le développement sur internet du média Tarmac, le déploiement des services de l’éditeur sur les réseaux sociaux avec des formats adaptés et efficaces, ou encore la création de podcasts qui s’intensifie dans l’offre de la RTBF. En déployant avec pertinence une série de nouveaux programmes sur les réseaux sociaux, dont TikTok, Instagram et Twitch, la RTBF parvient à toucher un public jeune qui délaisse les médias traditionnels.  

 

L’avis du CSA est globalement positif. Il constate notamment la faculté d’adaptation de la RTBF dans un contexte de crise sanitaire et d’évolution constante des modes de consommations médiatiques. Toutefois, certaines obligations pourraient nécessiter une attention plus soutenue de la part de l’éditeur, d’autres ne sont pas totalement rencontrées mais font l’objet d’une marge de tolérance de la part du CSA au regard du contexte de crise sanitaire.  

 

Le Collège initiera un échange avec la RTBF concernant son offre rédactionnelle en ligne. En effet, le contrôle a mis en évidence des difficultés d’interprétation des conditions fixées par le contrat de gestion pour le déploiement de cette offre.  

 

Ce contrôle du CSA intervient dans un moment important puisque, dès 2022, les négociations débuteront en vue de l’élaboration du nouveau contrat de gestion de la RTBF. 

 

Une programmation adaptée pour faire face à la crise  

 

La crise a forcément impacté la RTBF dans son organisation du travail. Pour y répondre, la RTBF a repensé sa programmation. Un exemple parlant est celui de la fusion des matinales entre Vivacité et la Première dès mars 2020, qui a permis de garantir la continuité d’antenne avec une équipe réduite. Vivacité a adapté sa programmation pour valoriser le patrimoine de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Lors de la fermeture des écoles, la RTBF a lancé le programme “Y’a pas école, on révise” sur La Trois, qui se poursuit d’ailleurs aujourd’hui.  

Toujours dans le contexte inédit de la crise qui a vu le secteur culturel en grande difficulté, la RTBF a joué un rôle de médiateur important entre le monde culturel et les publics et a lancé le plan #restart mi-avril 2020. Budgétisé à 13,4 millions d’euros, ce plan a été renforcé par un financement supplémentaire débloqué par le Gouvernement de la FWB de 1,6 millions d’euros.  

L’objectif du plan était de proposer une programmation spécifique destinée à « rendre une existence aux événements musicaux et scéniques, promouvoir les musées et les talents de la FWB, révéler et mobiliser les forces vives de la création et de la production ». Dans le cadre de ce plan, certains programmes ont connu un franc succès, comme « Mes vacances au musée », « Agence tourisme », « Ma Belgitude à moi », ou encore « Ok boomer ». Au total, 88% de la population a été en contact avec un programme du plan #restart ce qui confirme le succès de l’opération. 

 

 

 

La RTBF se tourne vers les plus jeunes 

 

 

Le CSA salue les stratégies mises en place par la RTBF pour toucher plus largement ses publics, y compris et surtout les publics plus jeunes. Avec le média Tarmac, dont le succès grandit année après année, une offre de podcasts de plus en plus riche et le déploiement pertinent des services sur les réseaux sociaux, la RTBF propose une offre innovante et qui gagne en visibilité. 

 

Les programmes d’information de la RTBF font l’objet de déclinaisons sur de nombreux supports pour toucher les différentes catégories de jeunes publics. Le programme « Vews » couvre l’actualité sous la forme de vidéos courtes notamment extraites d’Internet.  

 

Les programmes d’information “Izinews” sont diffusés sur Tarmac, “Les Niouzz”, ainsi que “Les Niouzz+” et “Mise à jour” sont diffusés sur les réseaux sociaux, y compris sur Instagram et TikTok. La plateforme Twitch est également investie par la RTBF avec son programme “La roue” ou encore “XP”, un programme spécifique à l’univers du gaming. Avec ce déploiement numérique, la RTBF parvient à toucher le public très difficile à atteindre des 12-15 ans.  

 

Enfin, l’éditeur diversifie l’interactivité de ses programmes, notamment avec le débat « À votre avis » qui permet de témoigner via une application mobile (Opinio) et qui est précédé d’un « Facebook live ».  

 

Pour assurer sa mission de médiation avec ses publics, la RTBF produit le programme « Inside » depuis 2019, qui a remplacé « Médialog ». En deux ans, Inside est devenu un projet transversal consolidé, tant de médiation que d’éducation aux médias. La « marque » Inside regroupe désormais plusieurs approches et des formats divers en abordant et en expliquant les pratiques audiovisuelles de la RTBF, les choix de programmation et de rédaction et les enjeux de développement, notamment digitaux.  

 

Diversifier la culture 

 

La RTBF assume enfin son rôle de canal de promotion de la langue française et de la culture, notamment des artistes musicaux de la Fédération Wallonie-Bruxelles et des œuvres européennes. Elle respecte les quotas prévus dans son contrat de gestion. Certains services en radio les dépassent même largement. Pour le second exercice consécutif, Tarmac a diffusé une proportion importante d’œuvres chantées sur des textes en français (50,14%), brisant par là le stéréotype selon lequel un service adressé à un public jeune diffusant une proportion importante d’œuvres en français serait voué à l’échec. 

Sur la question de la promotion des œuvres culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le CSA émet toutefois quelques réserves concernant la visibilité de certains genres artistiques. Le quota minimum de spectacles chorégraphiques et lyriques est rencontré de justesse par l’éditeur, ce qui ne reflète pas le dynamisme de cette scène en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le CSA encourage également l’éditeur à davantage mettre en avant la diversité théâtrale en Fédération Wallonie-Bruxelles sur ses services linéaires.  En matière de valorisation des courts-métrages, le CSA constate enfin que la RTBF diffuse la quasi-totalité de ceux-ci en seconde partie de soirée voire la nuit, et encourage dès lors l’éditeur à davantage exploiter l’ensemble de ses créneaux horaire et proposer plus de courts-métrages inédits dans des créneaux de fortes audiences. 

 

 

Offre écrite : le CSA souhaite rencontrer la RTBF 

 

Le développement par la RTBF d’une activité d’information rédactionnelle en ligne a fait l’objet d’un litige juridique entre l’éditeur audiovisuel de service public et les éditeurs de presse écrite belges francophones. Ces derniers ont introduit des recours, d’abord au niveau national, puis au niveau européen par le dépôt d’une plainte auprès de la Commission. Se fondant sur le fait que la RTBF bénéficie d’aides d’État, les éditeurs de presse écrite considéraient l’offre gratuite proposée par le site rtbf.be/info comme une concurrence déloyale susceptible de contrecarrer le développement de leurs modèles payants.En 2014, la Commission s’est prononcée en faveur d’une définition exhaustive du périmètre des activités en ligne de l’éditeur public. 

Pour donner suite à cette décision de la Commission, le contrat de gestion de la RTBF a été modifié en vue de définir des conditions cumulatives pour circonscrire l’offre écrite afin que celle-ci cadre avec l’ADN audiovisuel de la RTBF. Les articles publiés par la RTBF doivent être en phase avec les missions de service public, en lien avec la programmation audiovisuelle, produits ou traités par ses propres rédactions, être enrichis d’images et de sons et ne peuvent dépasser 1500 signes (pour 51% des articles proposés, au moins).  

À l’issue du contrôle sur l’exercice 2020, le CSA a constaté des interprétations divergentes quant à la portée de ces conditions cumulatives. Il invite dès lors la RTBF au dialogue sur ce point.  

 

Accessibilité : davantage d’efforts sont à fournir en audiodescription 

 

Son contrat de gestion fixe à la RTBF l’objectif d’atteindre tous les publics de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’accessibilité de ses programmes aux personnes en situation de déficience sensorielle représente donc un enjeu majeur. Des obligations chiffrées sont détaillées dans le Règlement du CSA et dans le contrat de gestion. (LIEN) Ces obligations concernent le sous-titrage, l’interprétation en langue des signes de certains programmes comme les JT, ainsi que des objectifs en matière d’audiodescription.  

Si la RTBF remplit ses obligations en matière de sous-titrage et d’interprétation en langue des signes, elle risque de se trouver en difficulté lors du prochain contrôle concernant les futures obligations en matière d’audiodescription. Lors du contrôle de l’exercice 2021, le règlement accessibilité imposera que 12,5% des fictions et documentaires diffusés entre 13h et 24h sur La Une et Tipik soient audiodécrits, ainsi que 7,5% des documentaires et fictions diffusés sur La Trois. Le pourcentage de fictions audiodécrites devra atteindre les 25% de la programmation en 2023. La RTBF a diffusé 102 heures de programmes audiodécrits en 2020. Elle devra donc augmenter de près de 500% ce chiffre pour 2021 et de 1200% pour atteindre les objectifs requis en 2023. 

 

Consultez l’avis dans son intégralité 

 

Le bilan en quelques chiffres 

 

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