Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie le bilan annuel des médias de proximité (MDP). Il s’agit de la première année de contrôle des nouvelles conventions qui régissent les obligations du secteur depuis 2022. Ces dernières portent notamment sur les quotas à atteindre en matière de production propre et de programmes d’information, des missions de développement culturel, d’éducation permanente et d’animation, mais aussi des obligations en matière d’égalité et de diversité, de développement de la notoriété ou encore de synergies avec la RTBF.  

Dans l’ensemble, le CSA conclut que la plupart des objectifs prévus dans les nouvelles conventions, tels que les missions en matière d’information, d’accessibilité ou de développement culturel sont globalement rencontrés par les éditeurs, mais d’autres missions pourtant essentielles, telles que l’éducation aux médias ou la promotion de l’égalité et de la diversité, sont sous-investies par le secteur.  

  

Accessibilité : les objectifs largement atteints  

  

Le respect des nouvelles règles en matière d’accessibilité des programmes pour les personnes en situation de déficience sensorielle est l’un des éléments les plus positifs du contrôle. L’ensemble des MDP dépasse les objectifs finaux fixés par le Règlement. Ce dernier prévoit des obligations pour les éditeurs en matière de sous-titrage et d’audiodescription à atteindre sur une période de 5 ans qui s’achèvera en 2023. Entre 2021 et 2022, le volume de programmes rendus accessibles a fortement augmenté chez la plupart des éditeurs. Certains ont même déjà atteint les quotas du règlement prévus pour l’année suivante. La transition est donc en excellente voie. 

Le prochain défi des MDP sera de rendre accessibles leurs contenus sur les services non-linéaires.  

  

Déploiement numérique des médias de proximité et notoriété   

  

Les nouvelles conventions prévoient, pour la première fois, des obligations en matière de production propre sur internet, mais aussi en matière d’audience et de notoriété. Les MDP doivent proposer des programmes audiovisuels spécifiquement adaptés à l’environnement numérique et primo-diffusés sur leurs services non linéaires. Ils doivent également développer des stratégies de promotion et de communication de leurs contenus et définir des objectifs de notoriété, d’impact sur les publics, ou d’audience.   

Les MDP développent depuis plusieurs années une production propre spécifique à internet. Ces programmes visent en général un public jeune initié aux nouveaux codes de consommation audiovisuelle en ligne : formats verticaux, apposition de textes permettant le visionnage sans son, captations de type « Facebook live » aux moyens de production allégés… Certains de ces formats sont participatifs et offrent une plage directe d’expression aux publics.  Sur l’exercice 2022, de manière cumulée, les médias de proximité ont produit plus de 145 heures de contenus digitaux valorisables en tant que production propre (soit 100 heures de plus qu’en 2021). La production propre digitale représente ainsi 3,7% de la production propre globale des médias de proximité. Il existe toutefois des disparités marquées entre les éditeurs, avec un investissement plus important chez certains d’entre eux tels que Boukè, TéléMB et RTC.  

Ce déploiement numérique représente un enjeu essentiel pour les MDP qui doivent désormais définir des objectifs de notoriété, d’impact sur leurs publics et d’audience. Sur ce point, le CSA observe depuis plusieurs années un réel investissement du secteur sur les réseaux sociaux. Les audiences des MDP sur internet, singulièrement leur taux d’adhésion sur Facebook, démontrent qu’ils n’ont pas attendu la formalisation de cet objectif dans leur convention pour déployer une stratégie efficace de développement numérique. 531.232 abonné.e.s suivent désormais les 12 MDP rien que sur Facebook. L’audience cumulée des MDP sur ce réseau dépasse celle des grands titres de l’information, notamment régionale, comme Sudinfo, 7sur7, l’Avenir ou le Soir.   

Si le déploiement des MDP sur les réseaux sociaux est encourageant, le CSA constate toutefois que les engagements concrets d’une majorité des médias de proximité pour répondre aux nouvelles obligations en matière d’audience et de notoriété restent très imprécis. Peu d’objectifs sont annoncés, en ce compris sur internet alors que les éditeurs disposent a priori des données stratégiques nécessaires. En outre, les rapports contiennent peu de réflexion éditoriale ou programmatique sur ces aspects.  

  

Egalité et diversité : du retard dans la mise en œuvre des nouvelles obligations  

  

Les nouvelles conventions impliquent une attention renforcée des MDP pour les enjeux liés à l’égalité et à la diversité. Ils doivent notamment adopter une charte spécifique, adopter un plan d’action avec des indicateurs de suivi objectifs, désigner un.e référent.e en charge de cette matière et apporter une attention particulière au handisport et aux sports pratiqués par les femmes. 

  

À l’issue du contrôle, le CSA constate que cette nouvelle obligation prévue dans les conventions, ne fait l’objet que d’initiatives éparses. On relève ainsi quelques projets traitant de l’enjeu de l’égalité et de la diversité auprès de certains éditeurs, notamment dans leur programmation, tels que Divers Cités (ACTV), Gender Baby (Télésambre), Celles qui osent (Télé MB) ou encore Ça papille (Matélé). Malgré ces quelques initiatives programmatiques, le secteur présente un retard pour rencontrer les objectifs de cette obligation. Certains éditeurs estiment que cette thématique est non-prioritaire et trois d’entre eux vont jusqu’à considérer qu’elle n’est pas utile à mettre en œuvre au sein de leur média. 

L’attitude peu constructive de certains éditeurs peut s’expliquer par une méconnaissance des enjeux que représente cette thématique tant à l’intérieur des entreprises médiatiques, que dans leur programmation. Des enjeux bien réels largement observés et commentés dans les différents Baromètres de l’égalité et de la diversité du CSA. S’agissant d’un premier contrôle sur cette nouvelle obligation, le CSA a décidé de ne pas notifier de griefs aux éditeurs concernés. Il propose au Réseau des Médias de Proximité d’organiser des rencontres entre des spécialistes en charge de l’égalité et de la diversité et les Médias de Proximité pour les aider à mettre en œuvre des projets structurels afin de répondre aux objectifs des conventions.  

  

Education aux médias : une nouvelle obligation timidement rencontrée  

  

L’éducation aux médias représente une nouvelle obligation des conventions. Une minorité de médias, principalement produisent régulièrement des programmes qui relèvent spécifiquement de l’éducation aux médias. Le CSA a conscience que mettre en œuvre une véritable politique d’éducation aux médias dans la programmation ne peut se faire du jour au lendemain, mais les initiatives prises par le secteur restent globalement limitées et insuffisantes pour rencontrer les objectifs. Il invite dès lors les MDP à repenser la place de cette mission dans leur programmation, ce qui inclut les séquences de programmes et les formats web, notamment ceux destinés au public jeune sur les réseaux sociaux.  

Il recommande enfin au secteur d’échanger avec le Conseil supérieur de l’éducation aux médias afin de mieux comprendre les besoins et de mieux identifier les possibilités pour intégrer cette thématique à leur programmation.  

  

Les obligations peu contraignantes ou non quantifiées sont globalement peu investies 

  

A l’issue d’un premier contrôle sur base des nouvelles conventions et en vue de l’évaluation de ces dernières en janvier 2025, le CSA estime qu’un travail de clarification devrait être mené autour des nouvelles conventions.  

Le CSA constate en effet que l’ensemble des missions contraignantes répondant à des objectifs clairs et quantifiés sont rencontrées par le secteur. C’est notamment le cas des missions d’actualité, de développement culturel ou encore de production propre. Sur d’autres matières, telles que l’éducation aux médias ou l’égalité et la diversité qui font l’objet d’obligations moins contraignantes, dont les objectifs à atteindre sont plus flous et non quantifiés, les attentes ne sont pas rencontrées. Si une prise de conscience et un réel investissement doivent être envisagés du côté des MDP, l’ambition de ces nouvelles obligations pourrait également être revue, notamment par un travail de clarification et de quantification des objectifs attendus dans certaines matières. 

Consultez la synthèse transversale des avis :

 

Médias de proximité : synthèse transversale sur l’exercice 2022

 

Consultez la synthèse transversale en chiffre (Infographie) :

 

Les avis des média de proximité en chiffre 

 

Consultez les avis par média :

 

Avis BX1 sur l’exercice 2022

 

Avis Canal C sur l’exercice 2022

 

Avis Canal Zoom sur l’exercice 2022

 

Avis Matélé sur l’exercice 2022

 

Avis Notélé sur l’exercice 2022

 

Avis RTC Liège sur l’exercice 2022

 

 

Avis Télésambre sur l’exercice 2022

 

Avis TV COM sur l’exercice 2022

 

Avis TV LUX sur l’exercice 2022

 

Avis Télé MB sur l’exercice 2022

 

Avis Antenne Centre sur l’exercice 2022

 

Avis Vedia sur l’exercice 2022