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Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie son avis annuel relatif au contrôle des obligations de la RTBF. Ces obligations sont reprises dans le 6ème contrat de gestion de l’éditeur qui a fait l’objet d’une première année de contrôle par le CSA. La RTBF doit ainsi être en mesure de développer et de proposer une offre de services conséquente pour toucher une grande partie de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles, dans toute sa diversité. Elle doit, entre autres, assurer des missions en matière d’information, valoriser la culture et les artistes locaux, jouer un rôle de premier plan dans la production indépendante, mettre en œuvre et entretenir des synergies avec les secteurs culturels, créatifs, éducatifs et médiatiques de la FWB, être un acteur d’éducation aux médias et promouvoir l’égalité, la diversité et la durabilité, aussi bien en interne que dans sa programmation.
Le 6ème contrat de gestion comporte de nombreux nouveaux indicateurs permettant au CSA d’évaluer concrètement le respect des missions de la RTBF. Sur l’exercice 2023, l’éditeur a respecté l’ensemble de ses obligations, sans qu’aucun grief ne lui soit notifié. Si certaines missions, par exemple relatives à la définition d’objectifs précis concernant la présence de la diversité à l’écran, ou encore l’accessibilité numérique aux personnes en situation de déficience sensorielle, appellent à être renforcées, la RTBF atteint voire dépasse largement certains de ses objectifs. En matière de soutien à la production audiovisuelle indépendante, l’éditeur dépasse ainsi ses obligations et conforte son statut d’acteur incontournable pour le secteur de la production. Le CSA salue également les efforts de la RTBF au regard de la diffusion des œuvres de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur ses médias, d’offre pour la jeunesse, d’éducation aux médias, mais aussi en matière d’offre d’information sur ses services linéaires et non-linéaires.
Une stratégie au plus près des usages du public pour toucher plus de 85% de la population en FWB
Le contrat de gestion de la RTBF prévoit un objectif ambitieux, celui de toucher 85% de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles âgée de 16 ans et plus. Pour répondre à cette mission, la RTBF continue d’innover pour répondre à des audiences en mutation. L’éditeur déploie une stratégie cross-média et investit dans des contenus de qualité en explorant les formats numériques et en faisant évoluer ses marques chaque année. Quatre grands profils d’audience ont été définis par l’éditeur, avec des services dédiés.
La Une et Vivacité ont ainsi pour objectif de toucher les 35 ans et plus. Tipik vise les « jeunes adultes » (25-44 ans), La Première, Classic 21, Musiq3 et la Trois les « passionnés », Auvio Kids, Tarmac et Xpé les « Nouvelles génération (4-14 et 15-24 ans). Chacun bénéficie d’une programmation spécifique pensée pour répondre à ses attentes, qu’il s’agisse de divertissement, d’information ou de découvertes culturelles. Auvio est devenu un outil transversal qui permet à la RTBF de couvrir l’ensemble de ses publics et qui évolue également pour atteindre des cibles toujours plus précises. L’introduction d’Auvio Kids TV illustre cette adaptation : l’ancienne marque OUFtivi a été repensée pour accompagner les plus jeunes vers le numérique, dans un environnement sécurisé et sans publicité. La RTBF suit le basculement vers les médias non-linéaires en y diffusant davantage de contenus, tout en maintenant son offre sur les médias linéaires.
En télévision, les chaînes La Une, Tipik et La Trois continuent de rassembler un public large avec 1,9 million de téléspectateurs quotidiens. Sur le front numérique, Auvio revendique 76.000 visiteurs journaliers. Les initiatives comme 70 ans d’écrans, qui célèbre l’héritage audiovisuel, ou Tarmac Comedy, destiné aux jeunes, témoignent de la diversité de l’offre.
À côté des services propres de la RTBF, les réseaux sociaux, notamment TikTok et Instagram, jouent enfin un rôle central pour accompagner les stratégies de l’éditeur, avec des contenus spécifiques tels que Mise à jour pour sensibiliser les adolescents aux actualités.
La RTBF se félicite d’avoir touché 89,1 % de la population de 16 ans et plus grâce à son approche cross-média, dépassant ainsi l’objectif de 85 %. Toutefois, le CSA encourage la RTBF à fournir une évaluation plus fine de l’impact d certains initiatives menées en particulier en ce qui concerne la découvrabilité des contenus culturels et d’information.
Un acteur incontournable de la production audiovisuelle locale
Le soutien à la production audiovisuelle est un enjeu stratégique pour structurer l’écosystème créatif en Fédération Wallonie-Bruxelles. La RTBF s’engage à investir massivement dans des productions en répondant à des quotas financiers précis. Elle est un partenaire indispensable du développement du secteur de la production audiovisuelle en FWB. Le contrat de gestion de la RTBF prévoit également qu’une partie croissante de sa dotation soit investie dans le secteur de la production audiovisuelle indépendante.
Les investissements consentis en 2023 par la RTBF ont bénéficié à 258 projets audiovisuels, portés par 101 sociétés de productions différentes. Cela représente un investissement de 73,3 millions d’euros dans la production audiovisuelle, qui dépasse largement l’obligation minimale de 49,8 millions d’euros. 89 % des investissements ont été alloués à des entreprises de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et 11 % en Flandre. Sur l’ensemble de ces investissements, 14 millions d’euros ont été investis dans des contrats avec des producteurs indépendants, ce qui représente une croissance de 11 % par rapport à 2022. Un point d’attention concerne toutefois l’obligation d’investissement de la RTBF dans les séries belges. Cette dernière étant fixée à minimum 2,7 millions d’euros, la RTBF n’atteint pas cette proportion avec un investissement à hauteur de 2,11 millions d’euros pour l’exercice 2023. Pour mieux coller aux réalités de ce secteur pour lequel il est difficile d’évaluer le financement des projets sur une année, le CSA envisagera le contrôle de cette obligation de manière lissée sur trois années d’exercice.
Culture : les artistes FWB bien représentés
La RTBF contribue à la promotion de la culture en Fédération Wallonie-Bruxelles, à la création et au développement culturel. Elle doit proposer des programmes et contenus diversifiés abordant la culture sous toutes ses formes, en choisissant les formats les plus adaptés pour toucher tous les publics. Elle doit soutenir et mettre en valeur la création locale et assurer la découvrabilité de ses contenus culturels. A ces fins, le contrat de gestion prévoit des obligations transversales (impliquant plusieurs de ses médias), des obligations spécifiques à différents médias (obligations relatives à la télévision, à la radio et à Auvio), comme des quotas musicaux d’artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou encore des quotas d’œuvres européennes, notamment sur Auvio.
En télévision, l’ensemble des quotas sont respectés sur les différents services avec des dépassements importants sur certains services. La programmation de La Une est composée de 89,53% d’œuvres européennes alors que l’obligation est fixée à 70%. Sur La Trois, alors que le quota est de 10%, 16,37% de la programmation est consacrée à des œuvres européennes de producteurs indépendants (dont 5,37% de producteurs de la FWB). En radio l’ensemble des quotas sont également atteints, à l’exception de Jam qui ne parvient pas (de justesse :19,79% plutôt que 20%) à remplir son obligation de diffusion d’œuvres de musiques non classiques issues de la FWB. Il s’agit du premier exercice pour lequel sont prévus des quotas de diffusion musicale pour Viva+ et pour Jam.
La RTBF remplit son obligation de diffuser chaque jour des programmes culturels, y compris des segments sur le cinéma, la littérature, les arts de la scène, et les festivals culturels avec des programmes comme « Classic Ciné », « Le Réveil de Tipik », et « Coffee on the Rocks ». Elle promeut chaque semaine les arts et des fictions belges avec des programmes comme « Plan Cult » ou « Hep Taxi ». La Trois consacre enfin une part importante de sa programmation aux artistes de la FWB.
Auvio comme vecteur de la culture belge francophone
Le CSA constate que la plateforme Auvio s’affirme de plus en plus comme un vecteur clé pour la diffusion de contenus culturels et pour la valorisation des talents locaux. La plateforme permet de combiner accessibilité numérique et promotion de la culture, tout en s’adaptant aux nouvelles habitudes de consommation des espaces dédiés comme « J’peux pas, j’ai spectacle » (théâtre) ou « Ballets classiques et modernes » (danse).
Sur l’ensemble du catalogue, 67,26% des œuvres sont européennes dont 30,02% proviennent de la Fédération Wallonie-Bruxelles, alors que l’obligation pour ces dernières est fixée à 15%. Les productions de la FWB représentent une partie grandissante du catalogue de la plateforme.
Le CSA note des progrès dans la découvrabilité numérique grâce à Auvio. Les utilisateurs et utilisatrices sont amenés à découvrir de nombreux contenus. L’éditeur a mis en place un nouveau moteur de recommandation regroupant la localité de l’utilisateur, ses préférences, les tendances actuelles ainsi que l’historique de consommation pour mettre en avant les contenus d’information, de culture, d’éducation et d’auteurs et artistes de la Fédération.
Offre écrite à la RTBF
En ce qui concerne la publication des informations écrites sur son site internet, la RTBF a désormais – depuis octobre 2023 – l’obligation d’enrichir, par des liens vers ses contenus audiovisuels, minimum 60% des articles publiés. Les articles sans lien vidéo ne peuvent dépasser plus de 1500 signes.
La RTBF a développé et présenté au CSA l’outil de monitoring par lequel elle assure le respect de cette obligation. Ainsi, minimum 73% des articles publiés sur cette période (octobre – décembre 2023) ont un lien physique vers un programme ou un contenu audio et/ou vidéo diffusé en radio, en télévision ou sur Auvio. La RTBF a mis en place une cellule qui est notamment chargée d’ajouter les liens audio ou vidéo récents (10 jours avant/après) sur les différents articles, un délai pouvant exister entre la publication de l’article et l’intégration du lien vidéo.
Sur le plan quantitatif, la RTBF remplit les obligations prévues à l’indicateur 13, en revanche, s’agissant de la synthèse à publier dans le rapport annuel de l’éditeur, le Collège a demandé qu’une explication plus détaillée de l’outil mis en œuvre et de la manière dont la RTBF monitore cet indicateur soit publiée dans le prochain rapport annuel par souci de transparence.
Le CSA devra rendre une étude d’impact à mi-parcours du contrat de gestion, notamment sur le potentiel impact de ces mesures sur la presse écrite numérique et l’accès à l’information des citoyens.
La RTBF renforce son rôle éducatif
En 2023, la RTBF a multiplié les efforts pour sensibiliser le public, particulièrement les jeunes, à une utilisation critique des médias. À destination des enfants, des émissions comme « Viens je t’explique » sur La Trois et Auvio Kids abordent des sujets tels que les fake news et l’origine des informations. « Rocky et Lily : c’est dans la boîte » complète cette offre en explorant des thèmes complexes comme le fact checking. Pour les adolescents, des formats modernes sur TikTok, Instagram ou en podcast, comme « Mise à jour », « Izi News » et « Story Privée », favorisent un engagement actif des plus jeunes sur des problématiques contemporaines, dont le cyberharcèlement.
La stratégie multiplateforme de la RTBF se distingue par la diversité des supports utilisés. Des programmes comme « Déclic » ou « Investigation » sont déclinés pour atteindre un large public, qu’il soit devant un écran de télévision, en streaming sur Auvio, ou sur les réseaux sociaux. Des collaborations avec des institutions comme le CSEM ou Amnesty International permettent également d’organiser des événements éducatifs, à l’image de « Hackanews », pour encourager la participation active des jeunes.
L’adoption d’un plan pluriannuel d’éducation aux médias (2023-2027) témoigne d’une ambition à long terme, avec des axes clairs comme le développement de l’esprit critique. Avec un quota de 40 programmes éducatifs annuels atteint, la RTBF montre qu’elle s’impose comme un acteur majeur dans l’éducation aux médias, en adaptant son approche aux défis numériques actuels et aux attentes des nouvelles générations.
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Le bilan en bref :