Bilan annuel de la RTBF

 

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel publie son avis annuel relatif au contrôle des obligations de la RTBF. Ces obligations sont reprises dans le 6ème contrat de gestion de l’éditeur qui a fait l’objet, en 2024, d’une première année de contrôle par le CSA.

Sous l’empire de ce 6ème contrat de gestion, la RTBF doit ainsi être en mesure de développer et de proposer une offre de services capable de toucher une grande partie de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles, dans toute sa diversité. Elle doit, entre autres, assurer des missions d’intérêt général en matière d’information, valoriser la culture et les artistes locaux, jouer un rôle de premier plan dans la production indépendante, mettre en œuvre et entretenir des synergies avec les secteurs culturels, créatifs, éducatifs et médiatiques de la FWB, être un acteur d’éducation aux médias et promouvoir l’égalité, la diversité et la durabilité, aussi bien en interne que dans sa programmation.

De nombreux nouveaux indicateurs permettent au CSA d’évaluer concrètement le respect de ces missions. Sur l’exercice 2024, l’éditeur a respecté l’ensemble de ses obligations, sans qu’aucun grief ne lui soit notifié. La RTBF atteint et dépasse largement certains de ses objectifs. Le CSA salue les efforts de la RTBF en matière de diffusion des œuvres de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur ses médias, d’offre pour la jeunesse, d’éducation aux médias, mais aussi en matière d’offre d’information sur ses services linéaires et non-linéaires.

Le bilan confirme la solidité du modèle de service public de la RTBF, sa capacité d’adaptation aux nouveaux usages et son rôle structurant dans l’écosystème audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Avec une offre riche, multi-plateformes et segmentée selon les profils d’audience, la RTBF poursuit sa stratégie de transformation tout en restant fidèle à ses missions : informer, cultiver, divertir et accompagner tous les publics, des plus jeunes aux plus éloignés de l’information. Le CSA constate la montée en puissance d’Auvio, devenu un outil transversal essentiel, ainsi que les efforts continus pour renforcer l’accessibilité, la diversité culturelle et la qualité de la production propre.

En matière d’égalité et de diversité, l’éditeur respecte ses obligations, mais les résultats montrent encore une progression inégale selon les pôles et les métiers. La présence féminine augmente dans certains domaines, mais reste limitée dans les fonctions technologiques ou de production. Le CSA note cependant des améliorations au sein des instances de direction et encourage l’entreprise à poursuivre ce mouvement. La RTBF poursuit par ailleurs une politique renforcée en faveur du développement durable : éco-production, réduction de l’empreinte carbone, sobriété numérique et intégration progressive d’outils de mesure. Si plusieurs engagements sont d’ores et déjà mis en œuvre, l’intégration d’une publicité plus « éthique » demeure freinée par des standards encore en construction au niveau européen et un contexte économique difficile.

Dans ses missions d’information, de culture et de sport, la RTBF dépasse largement ses obligations. En 2024, elle a offert une couverture particulièrement riche des sports féminins, des disciplines mixtes et du handisport. Sur le plan culturel, les œuvres européennes et les talents de la Fédération restent solidement représentés, tant en télévision qu’en radio, avec une augmentation notable de la présence d’artistes FWB sur les ondes. L’accessibilité des programmes aux personnes en situation de déficience sensorielle progresse également, avec des volumes de sous-titrage et d’audiodescription supérieurs aux obligations réglementaires et une amélioration continue de la qualité.

Enfin, le CSA confirme le rôle majeur de la RTBF dans le soutien à la production audiovisuelle locale. En 2024, elle a investi 78,7 M€, (soit bien au-delà de l’obligation de 53 M€), et respecte l’ensemble des règles encadrant la contribution à la production. L’éditeur enregistre une amélioration notable dans l’investissement dans les séries belges, comblant le retard observé en 2023. Avec 4 M€ investis, soit 1,2 M€ au-delà du minimum requis, la RTBF confirme son engagement fort en faveur de la fiction sérielle francophone, essentielle pour la visibilité des talents locaux et l’ancrage culturel de la Fédération. Ce redressement illustre, une nouvelle fois, la place incontournable des radiodiffuseurs publics européens dans le soutien à la création.

Enfin, le Collège du CSA a tenu également à remercier l’Administrateur général sortant de la RTBF, M. Jean-Paul Philippot, pour sa remarquable contribution à la promotion des missions et des valeurs du service public.

 

Consultez l’avis RTBF 

Offre de service et production propre

La RTBF édite 3 chaînes de télévision, 9 radios, 20 web radio et développe son offre quotidiennement sur sa plateforme Auvio. En vidéo, le catalogue reprend l’ensemble de la production propre de la RTBF. L’offre s’enrichit de plus en plus avec des contenus exclusifs tels que des séries, des documentaires, des courts et longs-métrages de fiction, etc. En 2024, Auvio a poursuivi cette dynamique en proposant davantage de fictions en exclusivité.

Les chaînes télé de la RTBF (La Une, La Trois et Tipik) ainsi que des chaînes d’éditeurs extérieurs (AB3, LN24, Arte, ABX, etc.) sont également accessibles en page d’accueil d’Auvio. Certains programmes des Médias de proximité ainsi que Sooner sont accessibles sur la plateforme. 

Le contrat de gestion de la RTBF prévoit un objectif ambitieux, celui de toucher 85% de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles âgée de 16 ans et plus. Pour répondre à cette mission, la RTBF continue d’innover pour répondre à des audiences en mutation. L’éditeur déploie une stratégie cross-média et investit dans des contenus de qualité en explorant les formats numériques et en faisant évoluer ses marques chaque année. Quatre grands profils d’audience ont été définis par l’éditeur, avec des services dédiés.

La Une et Vivacité ont ainsi pour objectif de toucher les 35 ans et plus. Tipik vise les « jeunes adultes » (25-44 ans), La Première, Classic 21, Musiq3 et la Trois les « passionnés », Auvio Kids, Tarmac et Xpé les « Nouvelles génération » (4-14 et 15-24 ans). Chacun bénéficie d’une programmation spécifique pensée pour répondre à ses attentes, qu’il s’agisse de divertissement, d’information ou de découvertes culturelles. Auvio est devenu un outil transversal qui permet à la RTBF de toucher l’ensemble de ses publics et qui évolue également pour atteindre des cibles toujours plus précises.

Le CSA salue les efforts renouvelés de la RTBF pour continuer de fournir des contenus sur ses médias, tout en s’adaptant aux différents publics. La RTBF suit le basculement vers les médias non-linéaires en y diffusant davantage de contenus, tout en maintenant son offre sur les médias linéaires. C’est par exemple le cas d’Auvio Kids, qui accompagne les enfants dans leur mode de consommation et leur permet un accès à un environnement non linéaire sécurisé et sans publicité.

Les trois services linéaires de la RTBF présentent des volumes de production propre variables : en moyenne quotidienne, La Une atteint 13h46, Tipik 10h15, La Trois 9h09. La RTBF diffuse en moyenne calculée sur l’ensemble de ses chaînes de télévision 11h02 de contenus produits en propre par jour.

L’ensemble des services radiophoniques présente des volumes de production propre supérieurs à l’objectif quotidien moyen de 20 heures. La RTBF diffuse en moyenne calculée sur l’ensemble de ses services radiophoniques 22 h 21 de contenus réalisés en production propre par jour.

La RTBF remplit en moyenne ses obligations en production propre sur ses trois services télévisuels et dépasse ses obligations sur chacun de ses services sonores.

Egalité et diversité : un bilan contrasté

La RTBF a respecté ses obligations en matière d’égalité et de diversité, mais les chiffres pour 2024 traduisent des dynamiques contrastées selon les pôles et les types de fonctions. Les pôles de contenus restent globalement masculinisés, en particulier « Contenus – Production 360 » où les femmes ne représentent que 24,2 % du personnel, en légère baisse par rapport à 2023. Le pôle « Contenus – Thématique Information et Sports » présente une répartition plus équilibrée (47,6 % de femmes), tandis que le pôle « Contenus – Autres » demeure le seul majoritairement féminin, même si la proportion y recule (62,9 %). À l’inverse, les métiers technologiques demeurent fortement masculinisés, malgré une progression lente mais continue de la part des femmes (16,5 %). Quelques départements, principalement au sein des services supports (Ressources humaines, Finances, Organisations syndicales), comptent toutefois une majorité de femmes, ce qui montre des poches de féminisation au sein de l’entreprise.

Concernant l’accès aux postes à responsabilité, les données indiquent une présence féminine toujours inférieure à la parité, mais relativement stable par rapport à l’année précédente. Au COMEX, les femmes représentent 42,9 % des membres, et 36,4 % au COMOP. Les postes de « Mandataires et conseillers » restent masculinisés (35,3 % de femmes), alors que les « Chargées de mission » sont majoritairement des femmes (64,3 %). Au sein du Conseil d’administration, la proportion féminine recule à 40 %, une évolution sur laquelle la RTBF n’a toutefois pas la main. Globalement, parmi les membres du personnel en CDI ou statutaire, la proportion de femmes diminue légèrement, un recul observé dans tous les types de contrats, avec une baisse plus nette dans les contrats de remplacement.

Enfin, la répartition du personnel selon le taux d’occupation montre que les femmes restent moins nombreuses que les hommes à temps plein (36,2 %), un niveau qui passe pour la première fois depuis 2020 sous la barre des 37 %. Elles sont en revanche davantage présentes dans les emplois à temps partiel (48,4 %), bien que les hommes y deviennent majoritaires pour la première fois. L’ensemble de ces données met en évidence une progression lente et inégale de l’égalité professionnelle : si certaines filières et niveaux hiérarchiques se rapprochent de l’équilibre, d’autres demeurent fortement genrés.

Durabilité : la publicité « étique » encore difficile à intégrer dans la stratégie de l’éditeur

La RTBF renforce significativement ses engagements en matière de durabilité, en cohérence avec les exigences de son contrat de gestion et le plan de transition écologique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’entreprise poursuit la mise en œuvre d’actions concrètes visant à réduire son empreinte carbone, à rendre ses productions plus écoresponsables et à intégrer la sobriété numérique dans ses pratiques. En 2024, cette dynamique se traduit notamment par le déploiement d’outils d’éco-production (check-lists, audits, accompagnement dédié), l’usage de solutions techniques durables comme la « régie verte », des formations spécialisées, ainsi que le lancement d’une calculette carbone pour mesurer l’impact des productions audiovisuelles. Ces efforts s’ajoutent à des investissements dans des infrastructures plus durables, comme Media Square, au recours à des clauses environnementales systématiques dans les marchés publics et à une politique renforcée de gestion des équipements numériques et de mobilité bas carbone.

Sur le plan éditorial, la RTBF confirme une stratégie structurée visant à traiter les enjeux climatiques de manière pédagogique et fondée scientifiquement, avec l’appui de sa Cellule Impact. Toutefois, concernant l’indicateur clé relatif à la réduction de l’empreinte carbone (objectif : –55 % d’ici 2030 par rapport à 1990), le Collège relève que le rapport annuel ne répond pas encore entièrement aux exigences de suivi chiffré et de transparence formulées dans son avis précédent. L’éditeur a néanmoins transmis un rapport spécifique et plus détaillé, encore confidentiel faute d’outil d’audit interne, qui apporte les précisions attendues. La RTBF prévoit désormais de se doter d’un système intégré de collecte et d’audit, opérationnel en 2028, afin de produire des rapports conformes aux normes européennes et de renforcer la crédibilité de son suivi environnemental.

La RTBF doit enfin adopter via la RMB une charte et une stratégie d’inventaire publicitaire afin d’encourager une offre commerciale éthique et écoresponsable, favorisant les annonceurs dont les produits et les services sont associés à des exigences de durabilité, proposant des espaces publicitaires dédiés à la transition et à la neutralité carbone. La RMB a adopté dès 2023 une stratégie d’inventaire publicitaire qui consiste à appliquer des offres spécifiques pour les annonceurs de produits « à moindre impact sur l’environnement ». Cette stratégie se décline en trois offres. la RMB a également adopté une « Charte – Pour une consommation et des comportements responsables », permettant de déterminer, sur base de critères précis, si les produits peuvent bénéficier des offres.

Les offres proposées par la RMB pour des annonces éthiques ne rencontrent actuellement que peu de succès. La RTBF éprouve des difficultés induites par les critères très restrictifs de ces offres. L’éditeur expose plusieurs freins dont l’absence de standards communs pour évaluer les aspects éthiques et/ou écologiques d’un annonceur, le retard pris dans l’adoption de la Directive visant à renforcer et harmoniser le reporting de durabilité des entreprises dans l’Union européenne, ainsi que « le contexte économique tendu, qui pousse les annonceurs à privilégier la communication sur les prix plutôt que sur leurs engagements durables. »

Info : des quotas largement dépassés

Le contrat de gestion fixe une série d’obligations chiffrées dans la programmation de la RTBF, en radio, en télévision et en ligne. D’autre part, elle reprend une série d’obligations en matière d’accès aux publics, notamment les plus jeunes et les plus éloignés de l’information, de respect de la déontologie, de sous-titrages dans les programmes d’information et de collaboration avec la presse écrite.

La RTBF doit par exemple diffuser chaque jour quinze journaux d’information générale, sur ses différents médias, dont au moins deux en télévision, dix sur La Première, trois sur Vivacité, des séquences d’information sur Tipik, Classic21, Musiq3, Tarmac et proposer une offre en ligne. Elle doit diffuser un journal d’information générale spécifiquement destiné aux enfants de moins de douze ans, dédier une offre d’information spécifiquement destinée aux jeunes de plus de douze ans et proposer des séquences d’information locale et régionale, notamment diffusées en décrochage régional, sur Vivacité.

À côté de ces obligations quotidiennes, la RTBF est soumise à des obligations mensuelles et hebdomadaires. Elle doit par exemple proposer chaque semaine au moins un magazine d’investigation et des programmes d’enquête ou de reportage (dont dix sur l’année sont des documentaires produits, coproduits ou commandés à des auteurs/producteurs indépendants), en radio, au moins un magazine d’investigation, d’enquête ou de reportage, 10 séquences de programmes de rencontres et débats sociétaux et politiques permettant l’échange contradictoire pluraliste.

Elle est également tenue de proposer des contenus originaux d’investigation, d’enquête ou de reportage, sur ses services en ligne. Au cours de l’année 2024, la RTBF a publié 176 contenus originaux d’investigation, d’enquête ou de reportage (#inverstigation et Décrypte) sur ses services en ligne (site web et réseaux sociaux).

Ses obligations relatives à ses services linéaires sont également rencontrées, voir largement dépassées dans certains quotas. En 2024, la RTBF a, entre autres, proposé quatorze débats sociétaux et politiques par semaine pour une obligation de dix. En télévision, elle diffuse deux fois plus de programmes d’information que son quota quotidien à atteindre sans compter les flash info. Elle diffuse enfin 17 programmes quotidiens d’information sur Vivacité alors que l’obligation est fixée à trois programmes par jour.

La RTBF respecte en 2024 les balises encadrant la publication de contenus écrits sur son site : ceux-ci sont liés aux sujets traités dans ses programmes audiovisuels et relèvent d’un véritable traitement journalistique placé sous la responsabilité de la direction de l’information. Plus de 70 % des articles comportent un lien vers un contenu audio ou vidéo diffusé sur ses antennes ou sur Auvio — au-delà du minimum de 60 % requis — grâce à une cellule dédiée chargée d’ajouter ces liens dans un délai de dix jours autour de la publication. Les autres articles, non liés à un contenu audiovisuel, respectent la limite de 1 500 signes en moyenne annuelle.

Ces obligations, applicables depuis septembre 2023 dans le cadre du contrat de gestion, font l’objet d’un monitoring mensuel dont une synthèse est publiée dans le rapport annuel. Le CSA note que, pour l’exercice 2024, les contenus écrits sont conformes aux exigences méthodologiques et éditoriales prévues. Par ailleurs, une étude d’impact devra être réalisée à mi-parcours du contrat pour évaluer l’effet de ces règles sur la presse écrite numérique et l’accès à l’information des citoyens.

Culture : les artistes de la FWB bien ancrés en radio

La RTBF respecte pleinement les obligations culturelles fixées par son contrat de gestion. Elle diffuse quotidiennement, sur l’ensemble de ses médias (télévision, radios, plateformes numériques), une large variété de contenus culturels touchant tous les domaines — cinéma, littérature, arts de la scène, musique, festivals, etc. Elle assure aussi une présence hebdomadaire de programmes dédiés au cinéma, à la fiction et aux arts, tout en garantissant une forte visibilité des talents de la Fédération, notamment en première partie de soirée. En matière de soutien à la création, elle atteint et dépasse les quotas prévus : courts métrages, œuvres audiovisuelles belges francophones, heures d’œuvres radiophoniques subsidiées, ainsi que concerts, spectacles et nouvelles captations.

Par ailleurs, la RTBF remplit largement son obligation de promotion des artistes, opérateurs et événements culturels, via des programmes, des agendas, des interviews, des capsules numériques et de nombreux partenariats. Elle maintient également une collaboration active et structurée avec ARTE, notamment à travers des coproductions, des diffusions régulières d’ARTE Belgique, le partage d’événements comme le Concours Reine Elisabeth et une participation à des projets européens communs. Globalement, la RTBF non seulement rencontre mais dépasse plusieurs de ses obligations transversales en matière de culture et de création.

La RTBF diffuse plus de 70% d’œuvres européennes sur ses trois chaînes de télévision, et ce très largement sur La Une sur laquelle elle diffuse 96,2% d’œuvres européennes. Elle diffuse également une proportion élevée d’œuvres originales d’auteurs relevant de la Fédération sur chacune de ses chaînes et particulièrement sur La Une. Elle consacre plus de 10% de son temps de diffusion à des œuvres européennes récentes émanant de producteurs audiovisuels indépendants, et ce, sur chacune de ses chaînes.

En radio, le 6ème contrat de gestion prévoit une application de quotas musicaux spécifiques pour un plus grand nombre de services que par le passé, avec des obligations qui sont globalement revues à la hausse. Les artistes de la FWB sont largement présents sur les ondes de la RTBF. 28% des artistes diffusés sur la Première sont issus de la FWB contre 16,49% en 2019. Une forte augmentation de l’on constate aussi sur les autres chaînes radios de la RTBF.

S’agissant des services linéaires, Auvio a continué à fonctionner en 2024 avec une sélection humaine des contenus (pas d’algorithmes), dans l’attente d’une refonte de la plateforme. En parallèle, le site RTBF Actus a développé un algorithme de recommandation appelé U2C (User-to-Content) pour promouvoir activement la culture. Cet algorithme place systématiquement jusqu’à 5 articles culturels aux positions paires (2, 4, 6, 8) dans les recommandations personnalisées. La RTBF indique ainsi que les contenus culturels représentent 30% des recommandations alors qu’ils ne constituent que 21% de la production éditoriale – une surreprésentation volontaire pour favoriser l’accès à la culture.

Sport : le handisport en progression

La RTBF doit couvrir l’éventail le plus large possible de disciplines sportives, des plus populaires aux plus confidentielles et renforcer la couverture des athlètes et des compétitions féminines et la présence de femmes journalistes, expertes et consultantes dans les programmes sportifs. Elle doit aussi consacrer une attention particulière au handisport et mettre l’accent sur des évènements se déroulant en Fédération et sur des athlètes de la Fédération, en ce compris les jeunes talents et le sport amateur.

Sur 2024, les programmes sportifs ont atteint 308 heures consacrées aux femmes et 122 heures consacrées à des compétitions mixtes en télévision et sur Auvio. 

253 programmes et séquences de programmes ont été dédiés à l’handisport pour une obligation minimale de 52 programmes. Ces résultats doivent être contextualisés en raison de la large couverture par la RTBF des Jeux paralympiques qui se sont déroulé à Paris en 2024.

La RTBF propose une offre de programmes sportifs importante et diversifiée, en télévision, en radio et sur internet. En matière de couverture de compétitions féminines, le CSA se réjouit des avancées constatées, en phase avec l’évolution de la société, et encourage la RTBF à continuer dans cette voie.

Accessibilité des programmes : de nettes améliorations

La RTBF atteint clairement ses objectifs réglementaires en matière de sous-titres adaptés et d’interprétation en langue des signes, avec des taux de sous-titres largement supérieurs aux quotas sur ses trois chaînes linéaires (16023 heures sous-titrées en 2024 contre 5875 en 2019) et une qualité jugée globalement satisfaisante malgré quelques difficultés persistantes dans les émissions en direct. L’éditeur améliore aussi la visibilité des contenus accessibles, tant sur le guide TV que sur Auvio, où les pictogrammes sont correctement intégrés. Le Collège souligne toutefois certaines baisses dans la proportion de programmes inédits accessibles, liées à la comptabilisation accrue des rediffusions, et relève des décalages ponctuels dans le sous-titrage en direct. En matière de langue des signes, les obligations quotidiennes, JT du soir et journal pour enfants, sont entièrement respectées, avec une conformité générale aux critères de qualité.

Concernant l’audiodescription, la RTBF dépasse ses objectifs sur ses services linéaires et augmente le volume de programmes disponibles, tout en diversifiant progressivement les genres concernés, notamment certains programmes de divertissement. La qualité est jugée en nette amélioration sur plusieurs années, même si des descriptions plus détaillées seraient souhaitables pour renforcer l’immersion. En revanche, l’obligation de moyens relative à l’audiodescription en non linéaire n’est pas atteint sur Auvio, en raison d’un catalogue très vaste et du coût important lié à l’audiodescription de contenus non linéaires. Le CSA prend acte de ces contraintes mais encourage l’éditeur à poursuivre ses efforts, notamment via des mutualisations et une meilleure mise en valeur des contenus AD sur la plateforme. Globalement, le CSA considère que la RTBF s’inscrit dans une dynamique positive, avec une volonté affirmée d’améliorer et de diversifier l’accessibilité, tout en rappelant l’importance de poursuivre les progrès, surtout pour l’audiodescription en non linéaire.

Un acteur central pour la production audiovisuelle de la FWB

En 2024, la RTBF a largement confirmé son rôle de partenaire structurant de la production audiovisuelle belge. Elle est tenue d’investir au moins 12 % de ses dépenses opérationnelles, soit 53 M€, auprès d’acteurs du secteur établis en Belgique. Avec 78,7 M€ investis, l’éditeur dépasse très largement cette obligation, couvrant aussi bien les coproductions que les achats de droits et les prestations techniques, tout en intégrant des exigences de rémunération équitable et de normes sociales et environnementales. La proportion importante dédiée aux droits d’auteurs (près de 24 %) confirme l’importance accordée aux créateurs et talents locaux. Par ailleurs, 90 % des investissements du secteur de la production audiovisuelle sont réalisés en Fédération Wallonie-Bruxelles, témoignant d’un ancrage fort dans l’écosystème francophone.

Concernant le soutien à la production indépendante, la RTBF dépasse également l’ensemble des obligations, avec 16,58 M€ investis, soit +18 % par rapport à 2023. L’éditeur respecte l’ensemble des quotas : part minimale d’œuvres majoritaires (77 %), prépondérance des apports en numéraire, équilibre entre contenus de stock et de flux, ainsi que les seuils financiers dédiés aux documentaires et à la fiction sérielle. Si certains genres connaissent des variations, l’ensemble du dispositif témoigne d’un soutien large et diversifié envers 107 sociétés de production et 245 projets.

Enfin, le CSA souligne une amélioration notable dans l’investissement en séries belges, domaine dans lequel la RTBF avait été en défaut en 2023. En 2024, l’éditeur dépasse largement l’obligation (4 M€ investis pour un minimum de 2,74 M€), générant même un excédent de 1,2 M€ qui compense intégralement le retard accumulé l’année précédente. Ce redressement confirme l’importance stratégique accordée à la fiction sérielle belge francophone, centrale pour la visibilité des talents locaux et pour la diversité culturelle du paysage audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un investissement important pour la RTBF qui confirme le constat dressé par la dernière étude de l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel, à savoir celui du rôle de premier plan des radiodiffuseurs public en Europe dans le soutien à la production audiovisuelle locale.