Seulement 28% des femmes sont représentées dans les médias de la Communauté française de Belgique : c'est un peu mieux que la moyenne mondiale (24%) observée par le Global Media Monitoring Project (GMMP), mais c'est moitié trop peu, estiment les chercheuses ayant participé au volet belge francophone du projet international.

 

Les résultats de la recherche portant sur la place des hommes et des femmes dans l'information dans les médias de la Communauté française ont été présentés le 20 octobre, lors d'une conférence de presse organisée par l'Association des journalistes professionnels (AJP), qui coordonne le projet.

Baptisé "Quel genre d'infos", le projet donne son nom à une brochure de 96 pages distribuée gratuitement (éditions papier et digitale) et à un site internet du même nom, http://www.quelgenredinfos.be/

 

Tous les cinq ans depuis 1995, le GMMP dresse un tableau mondial de la représentation des hommes et des femmes dans les médias d'information. Jusqu'à présent, les données belges ne portaient que sur les médias néerlandophones. Pour la première fois en 2010, cet équilibre est rétabli. Car pour celui des sexes, il reste encore un long chemin à parcourir avant que les hommes et les femmes soient présents à parité dans l'actualité.

 

Les chiffres sont éloquents. 28% des personnes interrogées, vues, lues ou entendues dans les médias de la Communauté française de Belgique sont des femmes, avec une petite pointe à 34% en télévision. C'est trop peu, même si c'est 5% de plus que la proportion néerlandophone, 4% de plus que la proportion mondiale 2010, et 11% de plus que la proportion mondiale de 1995.

 

Dans les médias analysés en Communauté française (presse écrite et audiovisuelle), les femmes sont moins visibles dans les matières politiques (26%) et économiques (20%) mais elles le sont davantage dans les thématiques sociales (42%), les affaires criminelles (38%) et la santé (38%). Comme dans le reste du monde, les femmes figurent rarement dans l'actualité en tant que "personne faisant autorité en la matière". On les cantonne dans le rôle de la vox populi (70% des femmes sont des "témoins oculaires"), là où les hommes sont très majoritairement porte-parole (82%) ou experts (73%).

 

Sous-représentées dans l'information, les femmes le sont également dans les rédactions : la moyenne belge des signatures de journalistes et présentatrices (29%) se situe en deçà de la moyenne mondiale 2010 (37%). Les articles et billets rédigés et/ou présentés par des femmes ne dépassent pas 35% : 26% en presse écrite, 29% en radio et 43% en télévision. Ces chiffres sont à mettre en relation avec le faible taux de féminisation de la profession (30%) en Belgique.

Le corpus sélectionné et analysé était composé de 9 médias de la presse écrite et audiovisuelle (Le Soir, La Dernière Heure, Vers l'Avenir Namur, La Première, Bel RTL, Fun Radio, La Une, RTL-TVi, Télésambre). 148 articles ou billets audiovisuels (59 en TV, 43 en radio, 46 en PE) ont été analysés. 331 personnes y étaient évoquées ou interviewées (94 femmes et 237 hommes) par 195 journalistes et présentateurs ou présentatrices (70 femmes et 125 hommes).

Le groupe de recherche, emmené par Laurence Mundschau, était composé de chercheuses du Conseil supérieur de l'audiovisuel, de l'Observatoire du récit médiatique, de l'Université des femmes, de la Fédération iInternationale des journalistes, des FUCAM et de l'UCL. Le projet est placé sous la houlette de l'AJP, avec le soutien de la Direction de l'égalité des chances du Ministère de la Communauté française Wallonie-Buxelles.

 

La présence et la représentation des femmes et des hommes dans les médias audiovisuels n'est pas une préoccupation récente du CSA, dont le Collège d'avis avait remis en 2006 un avis sur la quesion. Actuellement, le CSA coordonne également le "Plan d'action en faveur de l'égalité et de la diversité dans les médias audiovisuels".

Au-delà de la diffusion de ces résultats chiffrés, il est aujourd'hui important de s'interroger sur les raisons de ce traitement différencié entre les hommes et les femmes dans l'information et sur les processus qui aboutissent, dans le traitement journalistique, à "gommer" une femme sur deux. Autrement dit, de répondre à la question : "et maintenant, que fait-on ?". La diffusion des résultats de la recherche GMMP en Communauté française de Belgique s'accompagnera d'actions de sensibilisation, information et formation au cours des prochains mois. Leur calendrier est à suivre sur www.quelgenredinfos.be/

 

>> Comment obtenir le rapport ? http://www.quelgenredinfos.be/rapport2010/