Le 4 mai 2017, le Collège d’Autorisation et de Contrôle du CSA a décidé de sanctionner NRJ pour la diffusion de propos portant atteinte à la dignité humaine. La décision fait suite à des insultes prononcées par un animateur de la radio à l’égard d’un mineur lors de la séquence « Merci pour ton ex », diffusée le 3 novembre 2016 dans le cadre de l’émission de libre antenne nocturne « MIKL ». Le Collège a établi et sanctionné l’infraction d’atteinte à la dignité humaine, tout en constatant les efforts fournis depuis lors par l’éditeur pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir.

 

Contexte de la décision

 

Le 3 novembre 2016, une auditrice a interpellé le Secrétariat d’instruction du CSA suite à des propos tenus lors d’une émission de libre antenne sur NRJ. Dans la séquence de l’émission « MIKL » intitulée « Merci pour ton ex », l’animateur appelle une personne, ici un adolescent de seize ans, à la demande de son « ex » et le couvre d’injures. L’objectif est de parvenir à mettre le correspondant en colère. S’il y parvient, l’auditrice à l’origine du canular gagne une tablette. La conversation téléphonique dure une dizaine de minutes et à aucun moment, il n’est signalé à l’appelé qu’il passe en direct sur l’antenne de NRJ. Les injures portent sur des éléments personnels, voire intimes, du jeune homme : son prénom, sa vie amoureuse et familiale, sa sexualité, son aspect physique….

 

Suite à cette interpellation, le Secrétariat d’instruction a décidé d’ouvrir une instruction à l’encontre de NRJ pour d’éventuels propos portant atteinte à la dignité humaine, dont la diffusion est interdite en vertu de l’article 9, 1° du décret coordonné sur les Services de médias audiovisuels (décret SMA). L’instruction visait également le bon suivi de la recommandation du Collège d’avis du CSA du 3 mars 2009 relative à la participation et la représentation des mineurs dans les services de médias audiovisuels.

 

Suivant les conclusions du rapport d’instruction, le Collège d’autorisation et de contrôle a provisoirement retenu le grief proposé. Il a ensuite entendu en audition les arguments de NRJ.

 

 

L’audition de NRJ

 

Durant son audition, l’éditeur a estimé que le concept de la séquence « Merci pour ton ex » n’était certes pas des plus relevés mais s’inscrivait néanmoins dans le cadre de la liberté d’expression. Le ton « léger » et « libre » utilisé dans l’émission « MIKL » en général et dans la séquence « Merci pour ton ex » en particulier, est lié à la nature de son public, à son heure de diffusion tardive et s’explique également par le fait qu’il s’agisse d’un programme produit pour la déclinaison française de NRJ. Selon l’éditeur, on constaterait traditionnellement une plus grande liberté de ton dans la libre antenne française que dans la libre antenne belge.

 

L’éditeur a néanmoins reconnu que les propos tenus par ses animateurs dans la séquence en cause constituaient un dérapage par rapport aux valeurs de la radio, telles que le respect et l’intégrité, et s’en est excusé. Estimant avoir une responsabilité vis-à-vis de son public, il a apprécié l’opportunité qui lui était donnée de se remettre en question.

 

Des efforts fournis par NRJ

 

Pour éviter que les problèmes relevés dans la séquence en cause ne se reproduisent, l’éditeur s’est engagé à appliquer  des mesures concrètes d’encadrement des canulars téléphoniques :

  • La « victime » du canular doit toujours être majeure ;
  • Le canular ne se fait plus en direct mais doit être pré-enregistré ;
  • Avant la diffusion du canular, la « victime » doit être contactée, mise au courant et donner son accord à la diffusion ;
  • MIKL diffusera dans son émission des messages d’intérêt général à portée éducative, dans le même esprit que l’action « 100 minutes pour changer le monde », qui existe déjà sur les trois radios du groupe (NRJ, Nostalgie et Chérie FM), et qui vise à mettre des espaces publicitaires gratuitement à disposition pour des messages d’intérêt général.

Le CSA salue ces efforts qui témoignent d’une réelle prise en considération de la problématique soulevée par l’objet du contentieux.

 

 

Décision du CSA

 

La dignité humaine, telle que définie dans une recommandation de 2002 du Collège d’avis du CSA relative à la dignité humaine et à la télévision de l’intimité, représente une limite à la liberté d’expression qui ne peut être invoquée que pour répondre à un besoin social impérieux, lorsque l’atteinte qui y est portée est grave et manifeste. Dès lors qu’un individu n’est plus traité comme un être humain mais comme un objet dont l’avilissement ou la dégradation ne suscite aucune émotion, ces comportements portent in extenso atteinte à l’ensemble de la population. Condamner des agissements particuliers constitue dès lors un besoin social impérieux pour notre société.

 

Dans la séquence litigieuse, l’éditeur a publiquement et en direct humilié un adolescent, dans le but de faire rire et de faire gagner un cadeau à une auditrice, sans que l’adolescent en question ait été mis au courant de la mise en scène. Dans ce contexte, que le but de l’émission soit ou non humoristique importe peu : la victime du canular a été rabaissée au rang d’objet et ignorée dans sa dimension d’être humain.

 

Le Collège a décidé que la qualification première de l’instruction pointant l’atteinte à la dignité humaine était fondée. Le grief est donc établi. Le CSA enjoint SA NRJ Belgique de diffuser le communiqué suivant :

 

« NRJ a été condamnée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour avoir diffusé le 3 novembre 2016 autour d’1h30 du matin, dans le cadre de l’émission de libre antenne de MIKL, une séquence comportant une atteinte à la dignité humaine. En effet, un intervenant mineur a été gratuitement et abondamment insulté par les animateurs durant le direct de l’émission ».

 

Ce communiqué doit :

 

  • être lu, dans son intégralité, trois fois par jour à 1h00, 1h30, et 2h00 du matin, du lundi 19 juin 2017 au dimanche 25 juin 2017 inclus ;
  • être affiché de manière ininterrompue sur la page d’accueil de son site internet du lundi 19 juin 2017 au dimanche 25 juin 2017 inclus.

 

Consultez la décision du 4 mai 2017

 


Annexes

 

Article 9, 1° du décret coordonné sur les services de médias audiovisuels

Recommandation du Collège d’avis du CSA du 12 juin 2002 relative à la dignité humaine et à la télévision de l’intimité

Recommandation du Collège d’avis du CSA du 3 mars 2009 relative à la participation et la représentation des mineurs dans les services de médias audiovisuels

Recommandation du Collège d’avis du 17 février 2010 relative à la libre antenne radiophonique

 

 

 

 

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