La Journée internationale de la Francophonie évoque pour moi un vaste univers de partage par le biais d’une langue en commun. Le fait d’être Belge me fait sans doute mieux percevoir l’intérêt de la langue française lorsqu’elle est pratiquée aux côtés d’autres langues, ce qui est le cas dans la quasi-totalité des Etats membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour faire vivre cet univers, chacun doit aussi soutenir l’usage de la langue française dans toutes ses dimensions et évolutions.
Cette journée internationale est devenue une véritable institution. Des activités sont organisées au sein des 80 pays membres de l’OIF pour célébrer la langue, mais aussi en faire la promotion à l’échelle internationale.
Les médias ont un rôle majeur dans la diffusion de la langue française et de toutes ses dimensions culturelles. En termes de promotion de la langue, d’investissement dans des productions qui enrichissent notre – nos cultures, mais aussi dans l’information délivrée aux citoyen.ne.s, la langue française est le socle de la chaîne de production des services que nos médias nous livrent chaque jour.
La langue française, ce formidable vecteur de culture
Le français garantit l’accès à une langue compréhensible pour les citoyen.ne.s belges francophones. Dans ses missions, le CSA veille à ce que les médias respectent cette nécessité. Pour les radios FM, le décret prévoit, par défaut, que 100% de programmes soient diffusés en français. Mais il est important de nuancer cette obligation. La Fédération Wallonie-Bruxelles compte un nombre de communautés culturelles et linguistiques importantes. Dans ce contexte, la langue française se doit d’ouvrir les publics aux autres langues et cultures. Pour reprendre l’exemple des radios de la bande FM, le fait pour une radio de s’adresser à une communauté en particulier et d’utiliser la langue française pour le faire, permet aux autres publics francophones d’avoir accès à la culture et de comprendre les enjeux qui traversent ces communautés. La question de l’équilibre entre l’accès du contenu au plus grand nombre et les besoins exprimés par une partie des auditeur.trice.s se pose alors. Un compromis est toujours trouvé en vue de satisfaire les uns et les autres.
Les francophones doivent s’ouvrir à d’autres langues
Le paradoxe de la langue française et de sa promotion à l’échelle internationale est sans doute la difficulté qu’elle éprouve parfois à s’ouvrir à d’autres langues sur ses terres.
Si la langue française peut se promouvoir à l’échelle internationale, un travail reste à faire concernant notre capacité, en tant que consommateur.trice, à nous ouvrir aux autres langues. Pour des raisons historiques, de nombreux pays européens sont allergiques au sous-titrage des œuvres audiovisuelles, comme la France, l’Italie, l’Espagne et …… la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si nous gagnons chaque jour à promouvoir notre culture et l’enrichir en dehors de nos frontières, nous gagnerons aussi à rendre nos frontières linguistiques moins hermétiques aux autres langues, déjà en acceptant de les entendre en version originale.
Cet obstacle et l’abondance de la production francophone continuent à nous priver d’une partie de notre belgitude. Rares sont les programmes flamands diffusés par les médias francophones belges. Si la production audiovisuelle flamande a d’abord été développée en télévision et dans des programmes de flux – donc trop spécifiques – désormais existe une importante production de fictions qui restent absentes des petits et grands écrans. Nous n’avons donc plus d’autre excuse que notre allergie au sous-titrage…
Dans le domaine des médias, des enjeux linguistiques et culturels s’expriment aussi au Sud. Des pays africains développent une production télévisuelle et la langue française devrait l’aider à remonter vers le nord. Déjà, une chaîne internationale comme TV5Monde constitue un vecteur important des cultures francophones.
En bref, la Journée internationale de la Francophonie doit nous inspirer de la fierté pour ce que notre langue nous apporte chaque jour et pour sa capacité à s’exporter à l’échelle internationale. Elle est aussi une opportunité de s’ouvrir aux autres cultures dont elle se fait le vecteur. Opportunité qui pourra, je l’espère, ouvrir davantage de frontières à l’avenir, y compris à l’intérieur de nos propres murs !
Dominique Vosters
Président du CSA
Suivez l'actualité du CSA et du secteur audiovisuel. Abonnez-vous à notre newsletter.