En tant que média de service public, la RTBF est soumise à une série d’obligations prévues dans son contrat de gestion. Le CSA est chargé de vérifier, annuellement, que l’éditeur les a rencontrées et a rempli toutes ses missions de service public.

Parmi celles-ci, on retrouve notamment le développement culturel, la jeunesse, l’éducation aux médias, l’information, la production de contenus propres à l’éditeur, ou encore la contribution à la production indépendante…

L’avis du CSA permet de présenter le contrôle annuel des obligations de l’éditeur. La présente synthèse propose un focus sur le déploiement de l’offre de la RTBF, l’information, la jeunesse, l’éducation aux médias, la médiation avec les publics et l’accessibilité.

Le CSA accueille positivement les récents projets mis en œuvre par l’éditeur tels que les projets de webcréation, ou encore le nouveau service digital Tarmac. Ceux-ci permettent à l’éditeur de se rapprocher davantage de certains publics.

L’éditeur respecte, voire dépasse, certains des quotas qui lui sont imposés, par exemple en matière d’information ou de quotas d’œuvres européennes. Aussi, le Collège constate que le programme de médiation n’a été diffusé qu’en seconde partie de soirée et rediffusé dans la boucle de nuit.

 

#1 Renforcement de l’offre digitale de la RTBF

 

Le développement d’Auvio et la création de nouveaux services tel que TARMAC sont les témoins d’une période charnière pour la RTBF dans son déploiement vers le numérique.

Depuis avril 2016, c’est la plateforme AUVIO qui centralise l’offre audiovisuelle en ligne de la RTBF : contenus vidéos et sonores, en direct et à la demande, inédits et en rediffusion. Ce déploiement ouvre de nouveaux enjeux pour l’éditeur et le régulateur, notamment en ce qui concerne le développement d’algorithmes de recommandation et le traitement des données personnelles.   

Sur la question de l’évolution des services et du déploiement de nouveaux projets de la RTBF, le CSA clôture son bilan sur une note positive. Après 4 mois à peine, le nouveau média digital Tarmac concrétise d’ores et déjà une série d’enjeux pour la RTBF, tant en termes de mise en valeur des talents de la FWB, que de diversité culturelle et de la jeunesse.

Spécifiquement orienté vers les « cultures urbaines », le label crossmédia TARMAC, lancé en juin 2017, touche notamment un public d’adolescents et de jeunes adultes. Ses programmes sont exclusivement diffusés sur des plateformes numériques (internet et DAB+ en hertzien).

Tarmac contribue à combler une absence de programme pour les adolescent.e.s jusqu’à présent touché.e.s et impliqué.e.s « aux deux extrêmes » avec « Code aventure » (jusqu’à 14 ans) et « Libre Echange » ou « IHECS Corner » (à partir de 17 ans). Le cœur de cible du public « adolescent », à savoir les 15-16 ans, n’était pas spécifiquement prise en compte dans la programmation 2016 de la RTBF.

Les animateurs et les artistes mis en valeur dans les programmes diffusés par Tarmac proviennent des milieux liés aux « cultures urbaines » : break dance, deejaying, musiciens de hip hop…, souvent belges. D’autres encore sont youtubeurs ou comédiens de stand up. La plupart proviennent de la scène belge.

Le CSA accordera une attention particulière à l’évolution de ce nouveau service de la RTBF.    

 

Panorama des services de l’éditeur

 

Les obligations prévues dans le contrat de gestion se déclinent en  trois chaînes tv généralistes et complémentaires, ainsi que cinq radios, dont deux généralistes et trois musicales. Grâce à son déploiement numérique, la RTBF compte aujourd’hui 21 services spécifiques proposés aux utilisateur.trice.s,  sans compter la création de 7 webradios supplémentaires déclinées de l’application Tarmac.

La cellule webcréation de la RTBF coproduit des contenus exclusifs ou semi-exclusifs pour le web. À titre d’exemple, la dernière série coproduite par la cellule webcréation ( a permis de cumuler, sur la plateforme de la RTBF et les plateformes externes, plus d’un million de vue après 6 mois de diffusion.   

 

 

Auvio perfectionne ses algorithmes

 

En 2016, la RTBF a lancé un système d’identification unique sur Auvio – via Facebook, Google ou adresse mail – qui permet aux internautes d’accéder à toute une série de services concours, neswsletter, « mon Auvio ») sur l’ensemble de ses sites. Ce dernier permet notamment aux utilisateur.trice.s d’ajouter des programmes à leurs favoris ou d’en sélectionner pour visionnage ultérieur. Actuellement, les utilisateur.trice.s qui ne souhaitent pas s’identifier ont néanmoins accès à l’ensemble des contenus proposés sur la plateforme.

Ce système s’inscrit dans une nouvelle stratégie, lancée en 2016, visant à mieux valoriser les données que la RTBF collecte sur la consommation de ses médias digitaux. Celle-ci se déploie en plusieurs étapes :

  • Une plateforme interne permettant la centralisation de toutes les données de consommation digitale ;
  • La définition d’algorithmes de recommandations, à partir de l’interaction de ces données personnelles et d’autres métadonnées, enrichie par de la documentation associée à chaque contenu. Objectif : pouvoir progressivement personnaliser l’accès aux utilisateurs aux contenus produits par la RTBF

 

#2 Jeunesse : la RTBF renforce sa programmation pour les jeunes  

 

La RTBF est tenue de (co)produire et de diffuser des programmes destinés à la jeunesse (3-12 ans) et au adolescents (12-18 ans). Ces programmes doivent également valoriser la participation et l’expression directe des enfants et adolescents, faire appel aux talents artistiques de la FWB et favoriser les partenariats avec le secteur de la jeunesse.

En 2015, le CSA avait constaté un manquement important auprès de l’éditeur concernant les programmes destinés aux publics d’adolescents, à la production desquels ils sont associés. Si le constat en 2016 reste le même, l’arrivée de Tarmac, de séries spécifiques pour ce public comme Lucas etc et de programme entièrement pensés pour le réseau Snapchat (la série PLS par exemple), devraient renverser la tendance en 2017.

Le CSA constate que l’ensemble des productions hors fiction initiées par OUFtivi impliquent directement des enfants. Il salue cette programmation dynamique et invite la RTBF à poursuivre dans cette voie.

La RTBF collabore avec les artistes de la FWB dans la création de ses programmes pour enfants et adolescents et implique fortement la participation de la production indépendante et des différents maillons de la production (auteurs, animateurs 2D et 3D, ingénieurs du son…).

Enfin, le travail mené par le département jeunesse, en partenariat avec l’enseignement est remarquable. Le Collège encourage néanmoins la RTBF à nouer des partenariats avec d’autres types d’opérateurs reconnus. Sur ce point, le rapprochement initié par le label Tarmac avec les maisons de jeunes est une démarche intéressante. 

Sur l’exercice 2016 et au regard des perspectives 2017-2018, le CSA observe donc un rapprochement pertinent de l’éditeur public auprès des jeunes par les thématiques des projets envisagés (JT court, séries ados, culture urbaine), mais aussi les canaux entrepris (websérie, Snapchat).

 

OUftivi : un service spécifique pour les jeunes publics

 

Depuis 2011, le label crossmedia OUFtivi rassemble la programmation « enfants » de la RTBF (télévision, radio, portail internet). En télévision, le service est diffusé en partage de canal avec La Trois. Il propose en moyenne 10 heures de programmation quotidienne.  

 

#3 L’éducation aux médias : un plan stratégique qui amène des résultats concrets

 

L’obligation d’éducation aux médias offre une certaine latitude à l’éditeur qui est invité à « diffuser et proposer à la demande (…) des programmes ou séquences (…) sur tous les services qu’elle juge pertinents ». Les thématiques de ces programmes peuvent être variées : décryptage publicitaire (notamment le placement de produits), les usages d’internet ou encore les nouvelles technologies de l’information. L’objectif de cette mission étant de sensibiliser le grand public, mais aussi les publics plus jeunes à la consommation des médias.

En 2014, le bilan du CSA était relativement mitigé quant à la manière dont la RTBF concrétisait sa mission d’éducation aux médias. Les lacunes identifiées concernaient surtout les programmes dédiés aux publics cibles enfants et adolescents.  En 2014 toujours, un « Plan stratégique d’éducation aux médias » a été mis sur pied par l’éditeur avec le soutien du CSEM. L’objectif de ce plan est d’accompagner les grandes tendances de l’évolution du secteur audiovisuel telles que : la croissance de la consommation non linéaire, la progression des usages mobiles, l’interactivité, le développement de la consommation publicitaire sur mobiles et réseaux sociaux et les nouvelles plateformes audiovisuelles sur internet.

Deux ans plus tard, le CSA constate que le Plan stratégique en éducation aux médias a porté ses fruits et continue de stimuler la RTBF dans la concrétisation de cette mission de service public. Les initiatives relevées en 2016 sont nombreuses à l’antenne et hors antenne : programmation, formations, collaborations. Il note toutefois que le site de la RTBF consacré à l’éducation aux médias pourrait utilement bénéficier d’une meilleure visibilité.

Ce modèle de fonctionnement, basé sur un partenariat avec le secteur et la fixation d’objectifs communs, pourrait servir de modèle pour d’autres missions de service public.

 

#4 l’info à la RTBF : la RTBF dépasse ses engagements

 

La RTBF est soumise à une série d’obligations relatives à la production et à la diffusion de programmes d’information en radio et en télévision. Ces obligations sont respectées sur l’ensemble des services de l’éditeur. En radio, le CSA apprécie le volume de programmes produit et diffusé par l’éditeur en matière de « décrochages régionaux » sur son service Vivacité. Ces décrochages apportent un ancrage local important et représentent une valeur ajoutée du point de vue de la diversité de l’information diffusée auprès des auditeur.trice.s.

 

Radios : la RTBF varie les programmes d’info et dépasse largement ses engagements

 

La RTBF dépasse ses objectifs en matière de programmes de débats, forums et entretiens d’actualité ainsi qu’en matière de programmes portant sur l’actualité et les enjeux internationaux. L’éditeur produit et diffuse 85 séquences d’informations générales par jour, toutes radios confondues alors que son obligation est fixée à minimum 10 journaux et séquences d'information générale par jour sur une chaîne généraliste. Avec 31 journaux parlés et flash info par jour en 2016, La Première triple donc ses obligations relatives à l’information. 

Les obligations en radio sont remplies principalement avec l’offre de La Première et, sur les aspects régionaux en décrochage, par Vivacité. Les flashs et JP sont différenciés en grande partie entre La Première et Vivacité avec, notamment, une place plus importante réservée à l’actualité sportive sur Vivacité.

Enfin, les chaînes musicales (Classic 21, Musiq3 et Pure) proposent également, à certaines heures de la journée, des flashs et JP qui leur sont communs mais différents de ceux de La Première et Vivacité. Cette offre est complétée par la diffusion de flashs et JP de La Première.

 

 

Télévisions : les programmes d’information dominent sur La Une et sur La Trois

 

La RTBF remplit ses objectifs en matière de journaux d’information générale destiné à la jeunesse, de programmes d’investigation, d’enquête et de reportage, de programmes de débat et de programmes de forums et entretiens d’actualité. Elle va au-delà de ses objectifs en matière de programmes portant sur l’actualité et les enjeux internationaux. Elle propose enfin chaque jour 4 journaux télévisés toutes chaines confondues alors que son obligation est fixée à minimum 3 journaux d’information générale.

La Deux diffuse 19% d’infos qui ne proviennent que des journaux quotidiens. Les programmes d’information autres que les journaux parlés se répartissent uniquement entre La Une et La Trois.

 

#5 Médiation avec les publics : le programme de médiation manque de visibilité

 

La RTBF doit proposer un programme de médiation avec ses publics en télévision, et ce, à un horaire raisonnable. La RTBF a diffusé 10 éditions du programme Medialog en 2016. Ce magazine vise à la fois à répondre à la mission d’éducation aux médias et à être un espace de dialogue et de médiation avec les publics. 

Le programme est structuré en deux parties : une partie « Inside » qui propose de découvrir les coulisses d’un projet ou d’un programme et une partie « médiation » visant à répondre, par un reportage puis par un débat, à des interpellations du public. Le présentateur s’entoure d’experts (académiques, membres d’associations ou d’institutions diverses), de journalistes de la RTBF ou d’autres médias, de professionnels externes (humoristes, auteurs, bloggeurs…), de responsables de la RTBF et de téléspectateurs.

La plupart des séquences « médiation » se basent sur des plaintes ou des interrogations transmises par des téléspectateurs au service de médiation de la RTBF. D’après le bilan du service de médiation, les thèmes sont sélectionnés au regard d’enjeux qui mobilisent fortement le public, tels que l’information et le « fact-checking », les clichés, la publicité, l’humour, la déontologie, le traitement de l’actualité…

 

Le CSA constate que la RTBF a modifié les créneaux de diffusion du programme Médialog. La première diffusion intervient sur La Deux en seconde partie de soirée. Par contre, le programme n’est plus rediffusé en journée mais uniquement dans la boucle de nuit. La rediffusion à 18h30 sur La Trois a donc été supprimée. Si les 10 éditions de ce programme permettent à la RTBF de rencontrer ses objectifs quantitatifs de justesse, sa visibilité est désormais fortement réduite. Le CSA estime donc que l’éditeur ne respecte pas son obligation.

 

 

#6 Accessibilité : les objectifs de la RTBF largement rencontrés, mais des obligations faibles à honorer

 

L’accessibilité représente un enjeu important dans les missions de la RTBF. Dans son bilan 2012-2015 de la RTBF, le CSA avait entrepris une analyse approfondie des obligations de la RTBF fixées dans le contrat de gestion en comparaison avec d’autres éditeurs publics européens. Les résultats de cette analyse concluaient que les objectifs d’accessibilité fixés pour la RTBF sont, de très loin, inférieurs aux obligations d’autres éditeurs, tels que la VRT, France Télévisions ou encore la BBC.

Le CSA note toutefois un investissement important de la part de la RTBF, qui dépasse le seul cadre de ses obligations, preuve que l’éditeur est aussi impliqué et conscient de l’importance de cette thématique pour ses publics. La RTBF a notamment mis en place la cellule « Access » fin 2015. Elle prend en charge l’accessibilité des programmes pour les personnes sourdes et malentendantes. Celle-ci intègre dans ses objectifs le sous-titrage de la production propre de la RTBF et de certaines de ses coproductions (notamment les séries issues du Fonds : « La Trêve », « Unité 42 »). Dans sa réponse à une demande complémentaire, la RTBF déclare aussi qu’un effort sera entrepris sur la webcréation.

Au regard des obligations actuelles en matière d’accessibilité, mais aussi de l’intérêt et des investissements entrepris par l’éditeur sur cette matière, le CSA recommande la reprise des travaux de son Collège d’avis sur cette thématique importante de régulation.

 

Obligations respectées en 2016

 

En matière de sous-titrage, le contrat de gestion fixe des objectifs quantitatifs : 1000 heures en 2013, 1100 h en 2014 et 1200 h à partir de 2015. Le pourcentage actuel représente 5% de la programmation totale de l’éditeur.  À titre d’exemple, le contrat de gestion de la VRT fixe à 95% l’obligation de sous-titrage des programmes. Ceux de France Télévisions et de la BBC sont fixés à 100%. En 2016, La RTBF déclare avoir diffusé 2162 heures de programmes sous-titrés à destination des personnes sourdes ou malentendantes, soit une augmentation de plus de 40% par rapport à l’exercice 2015.

Les obligations relatives à la traduction gestuelle des JT sont également rencontrées par la RTBF. Les éditions de son JT de 19h30 sont quotidiennement interprétées en langue des signes. Le JT interprété en langue des signes est aussi consultable en Catch-up sur Auvio. Chaque édition des Niouzz fait également l’objet d’une interprétation en langue des signes pendant la période scolaire.

En matière d’audiodescription, la RTBF dépasse largement les obligations fixées à deux fictions audio-décrites par an. L’éditeur déclare avoir diffusé 12 fictions audio-décrites pour l’exercice 2016, notamment les 10 épisodes de sa série « La Trève ».

 


Consultez le bilan RTBF 2016 dans son intégralité


 

 

  

 

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