MIPCOM est l'incontournable rassemblement annuel des industries les plus influentes du secteur audiovisuel international. On y découvre les derniers blockbusters, mais aussi les technologies qui marqueront le paysage audiovisuel de demain. Le rassemblement se tient cette année à Cannes du 17 au 21 octobre. Manon Letouche, de l'Unité télévision du CSA, participe à l'événement et nous livre son analyse après deux jours de conférence. 

 

Le Japon est le pays d'honneur du MIPCOM 2016. À côté des games show et des soirées de gala made in Japan, c'est surtout l'importance croissante du marché asiatique en général qui ressort de cette édition. Tant du point de vue de la production, que de la distribution et de l'innovation technologique, l'Asie est au cœur des débats.

 

De ce fait, les britanniques ne devraient-ils pas, suite au Brexit, se détourner du marché européen pour se tourner vers l'Asie ? C'est en tout cas la question soulevée par Amanda Groom, MD de The Bridge, lors du débat "Brexit, a survival guide". Pour les autres intervenant.e.s, les craintes d'un Hard Brexit restent fortes, en particulier concernant l'enjeu de la libre circulation des talents et des services. D’aucuns émettent également des doutes par rapport à la révision de la directive européenne des services de médias audiovisuels. Ceux-ci portent notamment sur l’application du critère du pays d'origine aux services de vidéos à la demande, qui pourrait, selon eux, " détruire le business".

 

Claire Bury, deputy Director General de la DG Connect, aura l'occasion de répondre à ces appréhensions et de rassurer quant à l'ouverture au dialogue de la Commission européenne avec les secteurs lors de la conférence organisée par Creative Europe Media. À cette occasion, les producteurs européens rappellent à quel point la régulation, et en particulier les règles relatives à la promotion des œuvres européennes et à la contribution à la production audiovisuelle, sont fondamentales à leur existence.

Le "business model" européen, lié également à l'investissement des chaines publiques, continue d'alimenter la création de petites perles audiovisuelles. Lors du panel "Comedy gets serious", les télévisions danoises, anglaises et flamandes présentent leurs dernières séries de "dramedy", l'autre modèle – après le « noir » – qui s'exporte. Créativité, qualité et originalité sont au rendez-vous de ces séries qui n'hésitent pas à traiter de sujets durs. Un exemple parmi tant d'autres : la future série de la VRT "Tytgat chocolate" qui adressera, dans un road movie romantique entre la Belgique et le Kosovo, les enjeux du handicap et des réfugiés. Les européens ne sont pas en reste en ce qui concerne les nouveaux formats. Notons en particulier le rôle important joué par Arte dans la production de contenus de réalité virtuelle.

Et s'il est un sujet dont tout le monde parle au Mipcom, c'est bien celui-là. La réalité virtuelle est le "nouveau push des médias", ce que tout le monde attendait, the next big thing. Les arcades virtuelles se multiplient en Chine, les technologies se développent en Inde, les belges développent des solutions sonores et les industries du jeu vidéo et de la TV travaillent ensemble en France et en Suisse pour créer d'incroyables contenus. L'avenir sera, semble-t-il, à la réalité virtuelle. Pourtant, les challenges sont nombreux, en particulier lorsque l'on parle de financement et que l’on demande, lors de la conférence du même nom : where is the money ? L'écosystème reste très confus et dans la chaine de valeur, on ne sait pas encore qui sera le grand gagnant. Pour James Milward, de Secret Location, la réalité virtuelle est "le Wild West".

Le débat est donc loin d’être clos. Il faudra bien un autre salon, celui du MIPTV en avril prochain, pour faire le tour de la question de l’avenir de la « VR ».    

 

Manon Letouche 

  

 

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