L'usage des SMS et des e-mails modifie-t-il le principe d'équilibre et de pluralisme dans les débats politiques en télévision ? Cette fonction, dite « d'interactivité » et proposée depuis peu aux téléspectateurs, améliore-t-elle le débat démocratique ? Favorise-t-elle le rapprochement des citoyens et du monde politique ?

 

Ces questions ont constitué le point de départ de la recherche qu'a effectuée Martin Culot, étudiant en communication, lors d'un stage réalisé au CSA. Centrant son analyse sur la période électorale précédant l'échéance de juin 2009, l'étude s'est intéressée à 8 débats politiques pré-électoraux recourant à l'interactivité : 4 émissions Controverses (RTL-TVi), de 3 Mise au Point (RTBF) et un Le débat des Présidents (RTBF).

 

A première vue, il apparaît que l'interactivité offre effectivement un espace potentiel d'expression aux téléspectateurs. Son usage semble en l'occurrence répondre à une certaine demande ; en témoigne le nombre de messages répertoriés : en moyenne, 19 SMS sont diffusés par émission (21 sur RTL-TVi ; 18 sur la RTBF).

 

Cette interactivité est davantage utilisée pour affirmer des opinions que pour poser des questions. Les messages diffusés qui concernent spécifiquement des hommes ou des femmes politiques, des formations ou des partis, ne respectent pas d'équilibre apparent, sans qu'il y ait pour autant un déséquilibre excessif.

 

Toutefois, à y regarder de plus près, l'étude révèle que, même s'il est important, le rôle de l'équilibre dans la dynamique d'échange suscitée par l'interactivité ne peut être ramené à un simple aperçu quantitatif, notamment parce que la plupart des messages ne sont pas dirigés vers un parti, une idéologique ou une personne en particulier, mais visent le monde politique dans son ensemble.

 

Dans certains cas analysés, on voit que l'interactivité permet de rapprocher l'opinion publique des politiques, néanmoins, plusieurs observations mettent en avant l'écart qui sépare les intentions démocratiques affichées par la diffusion du débat, des effets réels générés par l'espace d'expression offert aux spectateurs. Plutôt exutoires que constructifs, plutôt généralisateurs que partisans ou opposants, plutôt accusateurs que propositionnels, ces messages ne favorisent pas souvent l'exercice d'un débat démocratique constructif et aident généralement très peu à la clarification des enjeux. Utilisés la plupart du temps pour émettre une opinion plutôt que pour poser une question, les messages s'adressent très souvent de manière indifférenciée au monde politique renforçant l'idée d'un bloc uniforme et immuable. Dans ces opinions émises sur le monde politique en général, se retrouvent de nombreux messages dits d'"attitudes négatives" : messages qui incitent à ne pas voter, messages qui véhiculent des visions stéréotypées, messages dépréciatifs, opposés au monde politique…

 

Dans sa recherche, Martin Culot ouvre le débat et souhaite introduire un questionnement utile pour (re)penser l'avenir de la communication médiatique en période électorale.

 

 

Martin Culot a effectué un stage au CSA à l'issue de sa dernière année de bachelier en communication au Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur. Intéressé par les questions liées à l'audiovisuel, il poursuivra dès la rentrée 2010, un master en information et communication à l'Université Catholique de Louvain.