Le 9 janvier 2014, la RTBF avait diffusé sur La Deux l’émission "69 minutes Sans Chichis" au cours de laquelle un portrait a été dressé du Premier Ministre Elio DI RUPO. Cette diffusion, à quelques semaines du début de la période électorale, avait entraîné le dépôt d’une plainte auprès du CSA posant la question de la neutralité de la chaîne publique quand un homme politique intervient dans une émission de divertissement, et nombre de réactions, notamment au sein même de la RTBF, relayées dans les médias et au Parlement.

Au moment d’entamer la procédure à l’encontre de la RTBF, le président du CSA, qui, avant d’avoir connaissance de la plainte, avait déjà été invité par l’agence Belga à réagir à la diffusion de l’émission, a indiqué se déporter de tout débat concernant cette affaire afin de respecter les impératifs de l’apparence d’impartialité. Le premier vice-président du CSA, en remplacement du président, a décidé d’enclencher une procédure d’urgence sur base de l’article 162 du décret sur les services de médias audiovisuels (décret SMA).

A l’issue de l’audition de l’administrateur général de la RTBF, le 21 janvier, le premier vice-président du CSA a décidé que le grief n’était pas établi, en l’absence de circonstances objectives permettant de conclure, par action ou omission, à une erreur manifeste d’appréciation de l’éditeur au regard du droit applicable.

Le premier vice-président du CSA a également pris acte avec satisfaction de l’intention, manifestée par l’administrateur général, de trouver et de mettre en place, avant la rentrée de septembre 2014, les balises nécessaires pour organiser la présence d’hommes et femmes politiques dans les émissions autres que les émissions d’information. Le premier-vice président du CSA considère que cet engagement peut permettre d’atteindre les objectifs de la régulation.

Au-delà des arguments juridiques pertinents avancés, le débat est en l’occurrence celui du maintien de la défense des valeurs de la démocratie, de la mise en œuvre de celles-ci dans le respect de l’équilibre et du pluralisme des idéologies par les médias et, en particulier, par la radio-télévision de service public.

Affirmer, même avec force, que l’ensemble des règles applicables ont été respectées est sans doute vrai, mais c’est la perception subjective que tout ou partie des téléspectateurs peuvent avoir sur un fait qui fonde en définitive la crédibilité du média à leurs yeux. Il convient donc, avec constance et probité, en tout temps, qu’il ne puisse y avoir le moindre doute à cet égard. Le doute créé par l’apparence de partialité et de préférence vis-à-vis d’une idéologie a créé le risque d’une perte de confiance vis-à-vis de la RTBF. C’est ce risque, bien plus que tout autre, qui, identifié par l’administrateur général, l’a amené à réagir en prenant des engagements. C’est par ses réponses en équité que l’éditeur de services peut et pourra continuer à jouir de l’indépendance, de la crédibilité et de l’impartialité nécessaires à l’exercice de ses missions, dans la sérénité.