Etat des lieux en matière de programmes culturels

Intention éditoriale et exposition des missions de service public

Horaire de diffusion et choix du canal en linéaire

Répartition des programmes de développement culturel sur les chaînes de télévision linéaires

En vertu de l’article 24 du Contrat de gestion, les missions de la RTBF en matière de culture doivent se développer de manière transversale dans le cadre de l’ensemble de son offre de services audiovisuels, sur tous les appareils de réception. Le Contrat de gestion précise également que la RTBF ne doit pas réserver son offre culturelle à une ou des chaînes de radio ou de télévision, et doit faire en sorte que son offre culturelle soit diversifiée, cohérente et optimale en fonction de l’identité qu’elle donne à ses services audiovisuels et en fonction des publics visés par ces mêmes services audiovisuels.

Le Contrat de gestion prévoit que la RTBF concrétise sa mission de développement culturel à tout le moins sur ses services linéaires. L’article 25.4 prévoit en effet une série d’obligations à rencontrer « au moins en télévision ».

Les analyses menées lors des contrôles successifs de la RTBF par le CSA confirment que l’éditeur remplit ses obligations, en proposant une programmation culturelle sur chacune de ses chaînes et en couvrant chaque discipline, de même que chaque créneau horaire. Certaines obligations sont rencontrées de justesse, notamment concernant le spectacle vivant[1].

En 2017, dans le cadre de la préparation du 5ème Contrat de gestion, le CSA avait procédé à une analyse approfondie de la mission de développement culturel de la RTBF sur base d’un échantillon de programmes diffusés en 2016. Certains des points analysés ont fait l’objet d’une mise à jour, notamment l’analyse de la répartition des programmes de développement culturel de la RTBF selon ses chaînes. Comme décrit en introduction, le CSA s’est basé sur les données de 2019, ceci permettant de travailler sur base d’un échantillon « hors année covid ».

Remarque méthodologique : étant donné l’impact de la crise sanitaire sur la programmation culturelle de la RTBF en 2020, le choix a été fait de se baser, pour évaluer la programmation culturelle proposée par l’éditeur sur ses services linéaires, sur les données relatives à l’exercice 2019[2]. Le CSA souligne néanmoins qu’en 2020, notamment via l’initiative #Restart, la RTBF a proposé davantage de programmes culturels sur ses chaînes linéaires en ajoutant divers formats courts de mise en valeur de la vie culturelle et patrimoniale et en adaptant son offre existante aux conditions de confinement. La répartition de l’offre culturelle entre les chaînes a également été améliorée, davantage de contenus étant proposés sur La Une.

L’analyse de l’offre culturelle proposée sur les services non linéaires de l’éditeur se base quant à elle sur les données de l’exercice 2020, nombre de contenus ayant été développés sur Auvio au cours de cet exercice.

 
[1] Pour plus de développement, il est renvoyé aux avis du CSA concernant les contrôles annuels de la RTBF.
[2] La méthodologie exclut les œuvres de « stock » et les programmes d’information pour se concentrer sur les formats télévisuels produits ou coproduits par la RTBF et destinés à valoriser des artistes, des disciplines, des œuvres ou des lieux culturels. Ces programmes sont considérés en première diffusion et hors boucle de nuit. Les programmes « 69 minutes Sans Chichis » et « C’est du belge » sont intégrés au corpus car, bien que le développement culturel ne soit pas leur objet premier, certaines éditions de ces programmes contribuent à la mission en valorisant des personnalités artistiques et leurs actualités.

Répartition (durée) des programmes de développement culturel

(1ère diffusion et hors boucle de nuit)

De manière historique, la plupart des programmes culturels sont diffusés sur La Trois, la chaîne proposant plus de la moitié de la programmation culturelle de l’éditeur (53%). La Une et La Deux/Tipik se partagent l’autre moitié, à raison de 16% de la programmation culturelle sur La Une et 31% sur La Deux/Tipik. Ces données marquent une évolution par rapport aux constats faits lors du bilan du 4ème Contrat de gestion. En 2017, le CSA avait en effet procédé à une analyse similaire sur base d’un échantillon de quelques mois prélevé sur l’année 2016. Si l’on observe un progrès entre 2016 et 2019 en ce qui concerne la répartition des contenus entre les chaînes, les programmes proposés sont en outre plus variés : en effet, si en 2016 l’entièreté de la programmation culturelle de La Une était assurée via les séquences culturelles du seul programme généraliste « C’est du Belge », en 2019 la chaîne proposait cinq programmes différents, pour la plupart davantage spécialisés[1].

 

[1] En plus de « C’est du belge », ont été diffusés sur La Une en 2019 les programmes de développement culturel suivants : « Je sais pas vous » (musique), « L’agenda Ciné » (cinéma), « Stoemp, peket et des rawettes » (patrimoine local) et Tout le Baz’Art (transversal), représentant une durée totale de plus de 31h sur l’année.

Durée annuelle des programmes de développement culturel en 2019

1ère diffusion de l’année et hors boucle de nuit

Programmation culturelle en 2019 (télévision)

Durées et audiences par chaîne, par programme et selon l’heure de diffusion

Source: Le CSA avec le CIM

Les deux premiers programmes les plus visionnés sont diffusés sur La Une, les deux suivants sur La Deux/Tipik et La Trois[1]. Ces quatre programmes ont tous été diffusés à des heures de grande écoute (avec un début entre 18h et 20h30).

En comparant les durées de diffusion par chaîne aux données d’audiences, on observe que si La Une propose la durée la plus courte de programmes culturels, ceux-ci concentrent néanmoins la majorité des audiences. Le constat est le même pour La Trois qui, si elle diffuse la plus importante durée de programmes, ne représente qu’une faible proportion des audiences, notamment en raison des horaires de diffusion tardifs des programmes (deux tiers d’entre eux étant diffusés après 22h30).

 
[1] Pour les programmes suivants, les données d’audience n’ont pu être obtenues : « Jour de relâche », « Tout le Baz’Art » (diffusion sur La Trois), « Le Doc de tout le Baz’Art », « Regardoc » et « Livrés à Domicile ». Ces programmes n’ont dès lors pas été comptabilisés dans le calcul des moyennes d’audience par chaîne.
Source: Le CSA avec le CIM

Exposition des missions de service public en linéaire et sur internet

Exemple des spectacles de scène

L’article 25.4 du Contrat de gestion prévoit que la RTBF diffuse, en télévision, au minimum 12 spectacles de scène par an produits en FWB, dont au moins 10 sont des œuvres théâtrales, avec au moins 4 nouvelles captations théâtrales par an.

En 2020, la RTBF déclarait avoir diffusé une trentaine de spectacles de scène, dont une quinzaine d’œuvres théâtrales, rencontrant donc son obligation.

Par ailleurs, au cours de ce même exercice, dans le cadre du plan Restart, la RTBF a capté un grand nombre de spectacles à destination d’Auvio, « afin de se mettre en phase avec les nouveaux usages qui se sont renforcés avec la pandémie ». Cette initiative s’est maintenue en 2021 avec « Le théâtre s’offre à vous », dans le cadre duquel la RTBF déclare avoir mis en ligne 31 pièces de théâtre.

Audiences des spectacles diffusés en linéaire

L’audience moyenne des spectacles diffusés par la RTBF sur ses chaînes linéaires en 2020 s’élevait à 86.000 téléspectateurs. On observe des disparités importantes dans les audiences en fonction, notamment, du type, de l’heure et de la chaîne de diffusion des spectacles : certaines captations plus « grand public », diffusées sur La Une ou La Deux/Tipik à des heures de grande écoute, présentent des audiences avoisinant les 160.000 spectateurs[1] ; un spectacle davantage « de niche », diffusé sur La Trois après 23h présente une audience de moins de 4000 personnes[2]. Pour la majorité des spectacles diffusés, l’audience se situe entre 30.000 et 160.000 téléspectateurs.

[1] « Alex Vizorek est une dernière fois une œuvre d’art » (diffusé à 20h30 sur Tipik, plus de 162.000 téléspectateurs) ; « Sois Belge et Tais-toi » (diffusé sur La Une à 21h50, plus de 157.000 téléspectateurs).
[2] « Le Champ de Bataille » (diffusé sur La Trois à 23h : 3583 téléspectateurs).

 

Audience des spectacles de scène diffusés en linéaire en 2020 par chaîne et selon l’horaire de diffusion

Source: Le CSA avec le CIM

 

Mettant en regard les audiences et les horaires de diffusion des spectacles, on observe que les contenus bénéficiant de la meilleure audience ont été diffusés pour la plupart à des heures de grande écoute (début entre 20h30 et 22h30), sur La Une ou sur La Deux/Tipik. De manière générale et sans surprise, la majorité des spectacles diffusés avant 23h bénéficient d’une audience plus importante que ceux diffusés en seconde partie de soirée.

Les audiences moyennes (par spectacle) des captations diffusées en linéaire en 2020 s’élèvent à respectivement 99.273 téléspectateurs sur La Une, 93.327 téléspectateurs sur La Deux/Tipik et 35.938 téléspectateurs sur La Trois.

Source: Le CSA avec le CIM

 

Analyse des audiences sur Auvio

En 2020, la RTBF a mis en ligne une série de captations de spectacles sur Auvio, dans le cadre du plan #Restart. Le CSA a analysé la couverture de ces contenus, afin de la comparer aux audiences des diffusions de spectacles en linéaire[1].

A l’issue de cette comparaison, le CSA constate un écart extrêmement marqué entre les audiences des spectacles diffusés en linéaire et celles des spectacles disponibles en ligne. Le nombre de vues moyen d’une captation diffusée sur Auvio en 2020 s’élève en effet à 2.942 vues, soit seulement 3% de l’audience moyenne d’un spectacle diffusé en télévision[2]. Ce pourcentage est un peu plus élevé pour les spectacles ayant fait l’objet d’une diffusion tant en linéaire qu’en ligne (5%)[3], signe d’un possible effet incitant d’une diffusion en télévision sur la consommation en ligne. 

Ces données de 2020 doivent par ailleurs être relativisées compte tenu du faible nombre de spectacles disponibles en ligne à la date de l’analyse[4] et de leur longue durée de disponibilité, ceux-ci étant en ligne depuis parfois plus de deux ans. Si l’on observe les audiences des spectacles mis en ligne en 2021, exercice pour lequel le CSA dispose d’un échantillon beaucoup plus large de captations encore disponibles[5], l’audience moyenne s’élève à 797 vues par spectacle, ce qui représente moins de 1% des audiences en linéaire des spectacles en 2020.

[1] Remarque méthodologique : le décompte des vues des spectacles diffusés en ligne a été effectué le 3 mars 2022, pour les spectacles mis en ligne en 2020 et toujours disponibles en ligne à cette date (10 spectacles). Certaines des captations mises en ligne en 2020 ayant fait l’objet d’une diffusion limitée dans le temps et n’étant plus disponibles au moment de l’analyse, l’échantillon ne comprend pas l’entièreté des œuvres théâtrales diffusées sur Auvio en 2020. Néanmoins, les audiences étant calculées en moyenne, le nombre de vues des captations disponibles donne une première idée de la couverture des spectacles de scène diffusés sur Auvio. Une analyse des spectacles diffusés sur Auvio en 2021, pour lequel le CSA dispose d’un échantillon plus large, complète celle de 2020.
[2] Le spectacle le plus visionné ayant été vu 5.843 fois (« Le mariage de Mademoiselle Beulemans, avec les animateurs de la RTBF », mis en ligne le 24 mars 2020) ; et le spectacle le moins visionné ayant été vu 770 fois (« Vous êtes uniques », mis en ligne le 16 décembre 2020).
[3] « Le mariage de Mademoiselle Beulemans, avec les animateurs de la RTBF » : 119.132 téléspectateurs lors de sa diffusion en linéaire ; 5.843 vues sur Auvio ; « Bossemans et Coppenolle, avec les animateurs de la RTBF » : 111.220 téléspectateurs lors de sa diffusion en linéaire ; 5.613 vues sur Auvio.
[4] 10 spectacles (voir note 6 : « remarque méthodologique »).
[5] 41 spectacles.

 

Source: CSA avec le CIM
Source: CSA avec le CIM

Si l’on procède à une comparaison sur un échantillon[1] de programmes culturels, les constats sont du même acabit, comme le montre le graphe ci-dessous :

[1] Huit occurrences de chaque programme (éditions diffusées en télé au second semestre 2021) ont été comparées (audiences CIM pour la télé, nombre de vues sur la plateforme Auvio pour la diffusion internet). Le relevé du nombre de vues sur Auvio a été fait le 11 mars 2022.
Source: CSA

L’écart est très conséquent, même si le rapport d’un programme à l’autre peut grandement varier, en effet, pour « C’est du Belge », la diffusion télé est plus de 600 fois plus vues que sur Auvio, le rapport est de plus de 300 pour « Culture Club[1] » et « n’est plus que » de 78 pour « Tout le Baz’art ».

[1] Il est possible que le faible nombre de vues de Culture Club s’explique par le fait que c’est un agenda culturel alors que les deux autres programmes sont plus intemporels.

Culture : Conclusions et recommandations

Nous pouvons donc faire les constats suivants :

  • En linéaire, même si les programmes culturels sont répartis sur les différentes chaines et aux différents horaires, les contenus sont davantage consommés à des heures de grande écoute, sur les deux chaînes principales de la RTBF ;
  • La chaîne la moins exposée en termes d’audiences concentre aujourd’hui la plupart des contenus culturels, qui sont proposés dans leur majorité en seconde partie de soirée, et ne bénéficient que d’une audience limitée ;
  • En non linéaire, si beaucoup de contenus (inédits ou en rattrapage) sont mis en ligne, leurs audiences restent extrêmement limitées et sans commune mesure avec celles du linéaire, il apparait donc au Collège que l’usage des possibilités prévues par l’article 20 pour compléter notamment l’obligation en matière de diffusion de spectacles vivants (art. 25.4 a) et b)) ne rencontre pas le public et peine dès lors à convaincre le régulateur que l’offre sur Internet peut remplacer l’offre linéaire, à tout le moins actuellement.

Afin que la RTBF rencontre de manière optimale sa mission de service public en matière de développement culturel, le CSA recommande de :

  • Maintenir des obligations culturelles à atteindre en linéaire ;
  • Fixer des obligations à rencontrer spécifiquement sur La Une et/ou Tipik ;
  • Fixer des obligations de diffusion à des heures de grande écoute ;
  • Encourager la promotion des contenus disponibles sur La Trois ;
  • Encourager le développement d’une mise en valeur particulière des contenus culturels en ligne afin de faciliter leur découverte.